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lèrent avec précipilation, parce que du fond de la cuve du bain il sortit des hommes noirs qui les chassaient à coups de pied.

Sidéromancie, divination qui se pratiquait avec un fer rouge, sur lequel on plaçait avec art un certain nombre de petites paillettes qu’on brûlait et qui jetaient des reflets comme les étoiles.

Sidragasum, démon qui a le pouvoir de faire danser les femmes mondaines.

Siffler le vent. « Cette coutume de siffler pour appeler le vent est une de nos superstitions nautiques, qui, malgré son absurdité, s’empare insensiblement, aux heures de calme, des esprits les plus forts et les plus incrédules ; autant vaudrait raisonner avec la brise capricieuse elle-même que d’essayer de convaincre le matelot anglais que, le vent soufflant où il lui plaît et quand il lui plaît, il ne sert à rien de l’invoquer. En dépit de la marche des intelligences, lorsque l’air manque à la voile, toujours le matelot sifflera[1]. »

Sifflet magique. La ville d’Hameln, en 1284, fut délivrée des rats qui l’infestaient en nombre immense par un magicien, lequel les attirait au son de sa flûte et les entraîna dans le Wéser, où ils se noyèrent. Mais les magistrats de la cité, ayant refusé de payer le prix convenu pour ce service, le même magicien, sifflant un autre air, entraîna tous les enfants d’Hameln, que leur parents ne revirent plus. Cet événement est constaté par plusieurs monuments très-graves[2].

Sigéani, esprit qui, dans le royaume d’Ava, préside à l’ordre des éléments et lance la foudre et les éclairs.

Signe de croix. Un Juif qui se rendait à Fondi, dans le royaume de Naples, fut surpris par la nuit et ne trouva pas d’autre gîte qu’un temple d’idoles, où il se décida, faute de mieux, à attendre le matin. Il s’accommoda comme il put dans un coin, s’enveloppa dans son manteau et se disposa à dormir. Au moment où il allait fermer l’œil, il vit plusieurs démons tomber de la voûte dans le temple et se disposer en cercle autour d’un autel. Le roi de l’enfer descendit aussi, se plaça sur un trône et ordonna à tous les diables subalternes de lui rendre compte de leur conduite. Chacun fit valoir les services qu’il avait rendus à la chose publique ; chacun fit l’exposé de ses bonnes actions. Le Juif, qui ne jugeait pas comme le prince des démons et qui trouvait leurs bonnes actions un peu mauvaises, fut si effrayé de la mine des démons et de leurs discours qu’il se hâta de dire les prières et de faire les cérémonies que la synagogue met en usage pour chasser les esprits malins. Mais inutilement : les démons ne s’aperçurent pas qu’ils étaient vus par un homme. Ne sachant plus à quoi recourir, le juif s’avisa d’employer le signe de la croix. On lui avait dit que ce signe était formidable aux démons ; il en eut la preuve, dit le légendaire, car les démons cessèrent de parler, aussitôt qu’il commença de se signer. Après avoir regardé autour de lui, le roi de l’enfer aperçut l’enfant d’Israël.

— Allez voir qui est là, dit-il à un de ses gens. Le démon obéit ; lorsqu’il eut examiné le voyageur, il retourna vers son maître. — C’est un vase de réprobation, dit-il ; mais il vient de s’appuyer du signe de la croix.

Sortons, reprit le diable. Nous ne pourrons bientôt plus être tranquilles dans nos temples. — En disant ces paroles, le prince des démons s’envola ; tous ses gens disparurent et le Juif se fit chrétien.

Silènes. On donnait ce nom aux satyres lorsqu’ils étaient vieux. On entendait aussi quelquefois par sylènes des génies familiers tels que celui dont Socrate se vantait d’être accompagné.

Simagorad. Grimoire. Voy. Charles vi.

Simle, partie du paradis Scandinave, d’un agrément assez médiocre.

Simon le magicien. Ce Simon, connu pour avoir voulu acheter aux apôtres le don de faire des miracles et pour avoir donné son nom maudit à la simonie, n’ayant pu traiter avec les saints, traita avec les démons. Il en avait un à sa porte sous la forme d’un gros dogue, et dès lors il fit des miracles ou plutôt des prestiges. Il disait que si on lui coupait la tête, il ressusciterait trois jours après. L’empereur le fit décapiter ; par ses artifices, il supposa la tête d’un mouton à la place de la sienne et se remontra le troisième jour. Il commandait à une faux de faucher d’elle-même, et elle faisait autant d’ouvrage que le plus habile faucheur. Sous le règne de l’empereur Néron, il parut un jour en l’air comme un oiseau. Mais saint Pierre, plus puissant que lui, le fit tomber, et il se cassa les jambes. Cet imposteur eut des disciples ; et on le croit le premier chef des gnostiques. Il attribuait la création aux Éons ou esprits ; il affirmait que les plus parfaits des divins Éons résidaient dans sa personne ; qu’un autre Éon, très-distingué, quoique du sexe féminin, habitait dans sa maîtresse Sélène, dont il contait des choses prodigieuses ; que lui, Simon, était envoyé de Dieu sur la terre pour détruire l’empire des esprits qui ont créé le monde matériel, et surtout pour délivrer Sélène de leur puissance. Il est certain que Simon, après sa mort, fut honoré comme un dieu par les Romains, et qu’il eut une statue[3].

Simon de Pharès, auteur d’un recueil d’histoires de quelques célèbres astrologues et hommes

  1. Le capitaine Bazil Hall.
  2. Voyez cette histoire dans les Légendes des commandements de Dieu. Gustave de Nierilz a fait de ce sujet un pur roman que M. J.-B. de Champagnac a traduit en français et qui est intitulé le Sifflet magique ou les Enfants d’Hameln.
  3. Voyez sa vie dans les Légendes infernales.