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doctes, qu’il dédia au roi Charles VIII. Il ne paraît pas que ce livre ait été imprimé[1].

Simonide. Un jour qu’il soupait chez un de ses amis, on vint l’avertir que deux jeunes gens étaient à la porte, qui voulaient lui parler d’une importante affaire. Il sort aussitôt, ne trouve personne ; et, dans l’instant qu’il veut rentrer à la maison, elle s’écroule et écrase les convives sous ses ruines. Il dut son salut à un hasard si singulier, qu’on le regarda, parmi le peuple, comme un trait de bienveillance de Castor et Pollux, qu’il avait chantés dans un de ses poèmes.

Simorgue, oiseau fabuleux que les. Arabes nomment Anka, les rabbins Jukhneh, et que les Perses disent habiter dans les montagnes de Kaf. Il est si grand qu’il consomme pour sa subsistance tout ce qui croît sur plusieurs montagnes. Il parle ; il a de la raison ; en un mot, c’est une fée qui a la figure d’un oiseau immense. Étant un jour interrogée sur son âge, la Simorgue répondit :

— Ce monde s’est trouvé sept fois rempli de créatures, et sept fois entièrement vide d’animaux. Le cycle d’Adam, dans lequel nous sommes, doit durer sept mille ans, qui font un grand cycle d’années : j’ai déjà vu douze de ces cycles, sans que je sache combien il m’en reste à voir. — La Simorgue joue un grand rôle dans les légendes de Salomon.

Singes. Ces animaux étaient vénérés en Égypte.

 
 
Chez les Romains, au contraire, c’était un mauvais présage de rencontrer un singe en sortant de la maison. — Tous les faits du démon l’ont fait surnommer le singe de Dieu.

Sirath. C’est le nom que donnent les musulmans au pont que les âmes passent après leur mort, et au-dessous duquel est un feu* éternel. Il est aussi mince que le tranchant d’un sabre ; les justes doivent le franchir avec la rapidité de l’éclair, pour entrer dans le paradis.

Sirchade, démon qui a tout pouvoir sur les animaux.

Sistre, plante qui, selon Aristote, se trouvait dans le Scamandre, ressemblait au pois chiche et avait la vertu de mettre à l’abri de la crainte des spectres et des fantômes ceux qui la tenaient à la main.

Sittim, démon indien, qui habite les bois sous la forme humaine.

Skalda. Voy. Nornes.

Skinkraftigans, conjurateurs qui, chez les Anglo-Saxons, opposaient aux chrétiens de faux miracles par des moyens magiques.

Smaël, le même que Samaël.

Smyrne. On dit qu’antérieurement aux temps historiques, une amazone fonda la ville de Smyrne et lui donna son nom, qu’elle n’a jamais perdu.

Socrate. Les anciens, qui trouvaient les grandes qualités surhumaines, ne les croyaient pas étrangères à l’essence des démons. Il est vrai que les démons chez eux n’étaient pas pris tous en mauvaise part. Aussi disaient-ils que Socrate avait un démon familier ; et Proclus soutient qu’il lui dut toute sa sagesse[2]. Peut-être les hommes trouvaient-ils leur compte à cet arrangement. Ils se consolaient d’être moins vertueux que Socrate en songeant qu’ils n’avaient pas un appui comme le sien.

Soleil. Voy. Danse du soleil.

Solèves, esprits de la montagne, légers comme des sylphes, dans les Alpes.

Soliman. C’est le nom de Salomon chez les musulmans. Ils entendent par ce nom quelque chose de très-grand ; et ils assurent qu’il y a eu quarante solimans ou monarques universels de la terre, qui ont régné successivement pendant le cours d’un très-grand nombre de siècles avant la création d’Adam. Tous ces monarques prétendus commandaient chacun à des créatures de leur espèce, différentes de l’espèce humaine actuelle, quoique raisonnables comme les hommes ; ce sont les génies.

Sommeil. Van der Viel rapporte qu’en 1684 un potier de terre de Londres dormit quinze jours de suite sans avoir été affaibli par le défaut de nourriture ; il lui semblait n’avoir dormi qu’un jour. Épiménide, philosophe de Crète, étant entré dans une caverne, y dormit, selon Diogène Laërce, cinquante-sept ans ; selon Plutarque cinquante, selon d’autres vingt-sept. On prétend qu’au sortir de là il ne reconnaissait plus personne. Voy. Dormants.

Somnambules. Des gens d’une imagination vive, d’un sang trop bouillant, font souvent en dormant ce que les plus hardis n’osent entreprendre éveillés. Bardai parle d’un professeur qui répétait la nuit les leçons qu’il avait données le jour, et qui grondait si haut qu’il réveillait tous ses voisins. Johnston rapporte, dans sa Thaumatographia naturalis, qu’un jeune homme sortait toutes les nuits de son lit, vêtu seulement de sa chemise ; puis montant sur la fenêtre de sa chambre, il sautait à cheval sur le mur et le talonnait pour accélérer la course qu’il croyait faire. Un autre descendit dans un puits et s’éveilla aussitôt que son pied eut touché l’eau, qui était très-froide. Un autre monta sur une tour, enleva un nid d’oiseaux et se glissa à terre par une corde, sans s’éveiller. Un Parisien, de même en-

  1. Singularités historiques et littéraires de D. Liron, t. I, p. 313.
  2. Proclus, De anima et dæmone. Naudé, Apologie.