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Pichot, intitulé le Perroquet de Walter Scott, l’auteur prouve, par une multitude de faits et de monuments, qu’il y a eu des syrènes en Bretagne.

 
Syrènes
Syrènes
 

Dans ce pays on les appelle les chanteuses des mers. Les marins disent avoir entendu le sifflement de la syrène : ce mot, chez eux, indique cette faculté de la nature par laquelle l’air pressé rend un son ; elle existe dans le ciel, sur la terre, dans les mers ; elle produit l’harmonie des sphères, le sifflement des vents, le bruit des mers sur le rivage. Le peuple se représente la faculté dont il s’agit comme une espèce de génie auquel il applique la forme d’une femme, d’une cantatrice habitante des airs, de la terre et des mers. De là les syrènes des anciens ; ils leur donnaient la figure d’une femme, et le corps d’un oiseau ou d’un poisson. Zoroastre appelait l’âme syrène, mot qui en hébreu signifie chanteuse[1].

Syrrochite, pierre précieuse dont, au rapport de Pline, les nécromanciens se servaient pour retenir les ombres évoquées.

Sytry ou Bitru, grand prince aux enfers ; il apparaît sous la forme d’un léopard, avec des ailes de griffon. Mais lorsqu’il prend la forme humaine, il est d’une grande beauté. C’est lui qui enflamme les passions. Il découvre, quand on le lui commande, les secrets des femmes, qu’il tourne volontiers en ridicule. Soixante-dix légions lui obéissent[2].


T

Taaora est, dans les traditions de Tahiti, le créateur de toutes choses. C’est lui qui fixa la terre, qui en appela les éléments, qui arrangea les mers et qui produisit les premières créatures humaines à sa ressemblance…

Tabac. Nicot, ambassadeur à Lisbonne, est le premier qui ait fait connaître le tabac en France ; le cardinal de Sainte-Croix l’introduisit en Italie ; le capitaine Drack en Angleterre. Jamais la nature n’a produit de végétaux dont l’usage se soit répandu aussi rapidement ; mais il a eu ses adversaires. Un empereur turc, un czar de Russie, un roi de Perse, le défendirent à leurs sujets, sous peine de perdre le nez ou même la vie. Il ne fut pas permis dans l’origine d’en prendre à l’église ; de même, à cause des éternuments qu’il provoque, on ne le prenait pas dans les réunions sérieuses de la cour. Jacques Ier, roi d’Angleterre, composa un gros livre pour en faire connaître les dangers. La faculté de médecine de Paris fit soutenir une thèse sur les mauvais effets de cette plante, prise en poudre ou en fumée ; mais le docteur qui présidait ne cessa de prendre du tabac pendant toute la séance.

Les habitants de l’île de Saint-Vincent croient, dit-on, que le tabac était le fruit défendu du paradis terrestre.

Tables tournantes. De même que le magnétisme il y a cent ans et le somnambulisme au commencement de ce siècle, la divination par les tables tournantes et les esprits frappeurs occupe aujourd’hui bien des têtes, et fait, depuis quelques années, le mystérieux entretien des

 
Table tournante
Table tournante
 


causeries. Cette évocation toute magique n’est pourtant pas nouvelle. Toutes les époques philosophiques ont fini par là. À ceux qui repoussent Dieu, athées ou panthéistes, pour exalter la matière, Dieu laisse aller le diable et ses légions ; et dès lors il n’est plus possible de ne pas s’incliner devant ce que dit saint Paul, que nous devons lutter contre les puissances invisibles qui circulent dans notre atmosphère. Tertullien parle des tables tournantes que l’on consultait de son temps ; mais il y avait alors d’autres tables divi-

  1. Cambry, Voyage dans le Finistère.
  2. Wierus, in Pseudom. dæm.