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en opèrent la guérison par l’imposition des mains, ou par des passes magnétiques, comme le font les somnambules clairvoyants.

D’autres ont donné, sur des faits anciens et oubliés, ou sur des faits récents ignorés de toutes les personnes présentes, ou encore sur des choses qui se passaient à des distances telles qu’ils ne pouvaient pas en avoir naturellement connaissance, des détails suivis et circonstanciés qui parfois se sont trouvés d’une exactitude incroyable.

Mais c’en est assez sur ces redoutables matières, qui ont donné lieu à beaucoup d’ouvrages et même à une revue spéciale : la Table parlante[1] ; terminons en rappelant aux chrétiens que l’Église a formellement condamné et rigoureusement interdit ce dangereux commerce avec les démons, seuls meneurs de ces tours.

Taciturnité. Le diable jette souvent sur ses suppôts un sort que l’on appelle le sort de taciturnité. Les sorciers qui en sont frappés ne peuvent répondre aux demandes qu’on leur fait dans leur procès. Ainsi Boullé garda le silence sur ce qu’on cherchait à savoir de lui, et il passa pour avoir reçu le sort de taciturnité[2].

Tacouins, espèce de fées chez les mahométans ; leurs fonctions répondent quelquefois à celles des Parques chez les anciens. Elles secourent plus habituellement les hommes contre les démons et leur révèlent l’avenir. Les romans orientaux leur donnent une grande beauté, avec des ailes comme celles des anges.

Taillepied (Noël), mort en 1589. On lui doit un Traité de Vapparition des esprits, à savoir, des âmes séparées, fantômes, etc., in-12, souvent réimprimé. Il admet dans ce livre beaucoup de contes de revenants. Il a laissé de plus les Vies de Luther et de Carlostadt, Paris, 1577, in-8o; un Abrégé de la philosophie l’Aristote, 1583, in-8o; une Histoire de l’État et la république des druides, eubages, saronides, bardes, depuis le déluge jusqu’à Notre-Seigneur Jésus-Christ, 1585, in-8o, livre plein de fables et d’idées singulières.

Tailletroux (Jeanne), femme de Pierre Bonnevault, sorcière que l’on accusa, à Montmorillon en Poitou (année 1599), d’avoir été au sabbat. Elle avoua dans son interrogatoire que, son mari l’ayant contrainte de se rendre à l’assemblée infernale, elle y fut et continua d’y aller pendant vingt-cinq ans ; que la première fois qu’elle vit le diable, il était en forme d’homme noir ; qu’il lui dit en présence de l’assemblée : Saute ! saute ! qu’alors elle se mit à danser ; que le diable lui demanda un lopin de sa robe et une poule, etc. Convaincue par témoins d’avoir, au moyen de charmes, maléficié et fait mourir des personnes et des bestiaux, elle fut condamnée à mort, ainsi que son mari.

Taingairi, esprits aériens chez les Kalmouks. Ils animent les étoiles, qui passent pour autant de petits globes de verre. Ils sont des deux sexes.

Talapoins, magiciens qui servent de prêtres aux habitants du royaume de Lao, en Asie, et qui sont très-puissants.

Les Langiens (peuples de Lao) sont fort entêtés pour la magie et les sortilèges. Ils croient que le moyen le plus sûr de se rendre invincible est de se frotter la tête d’une certaine liqueur composée de vin et de bile humaine. Ils en mouillent aussi les tempes et le front de leurs éléphants. Pour se procurer cette drogue, ils achètent des talapoins la permission de tuer. Puis ils chargent de cette commission des mercenaires qui en font leur métier. Ceux-ci se postent au coin d’un bois et tuent le premier qu’ils rencontrent, homme ou femme, lui fendent le ventre et en arrachent le fiel. Si l’assassin ne rencontre personne dans sa chasse, il est obligé de se tuer lui-même, ou sa femme, ou son enfant, afin que celui qui l’a payé ait de la bile humaine pour son argent.

Les talapoins profitent avec adresse de la crainte qu’on a de leurs sortilèges, qu’ils donnent et qu’ils ôtent à volonté, suivant les sommes qu’on leur offre.

On lit dans Marini beaucoup d’autres détails, mais la plupart imaginaires, l’auteur ayant voulu faire quelquefois assez méchamment, sous le manteau des talapoins, des allusions misérables aux moines chrétiens.

Talismans. Un talisman ordinaire est le sceau, la figure, le caractère ou l’image d’un signe céleste ou autre, faite, gravée ou ciselée sur une pierre, par un ouvrier qui ait l’esprit arrêté et attaché à l’ouvrage, sans être distrait ou dissipé par des pensées étrangères, au jour et à l’heure de la planète, en un lieu fortuné, par un temps beau et serein et quand le ciel est en bonne disposition, afin d’attirer les influences.

Le talisman portant la figure ou le sceau du soleil doit être composé d’or pur sous l’influence de cet astre, qui domine sur l’or. Le talisman de la lune doit être composé d’argent pur, avec les mêmes circonstances. Le talisman de Mars doit être composé d’acier fin. Le talisman de Jupiter doit être composé du plus pur étain. Le talisman de Vénus doit être composé de cuivre poli et bien purifié. Le talisman de Saturne doit être composé de plomb raffiné. Le talisman de Mercure doit être composé de vif-argent fixé. Quant aux pierres, l’hyacinthe et la pierre d’aigle sont de nature solaire. L’émeraude est lunaire. L’aimant et l’améthyste sont propres à Mars. Le béryl est propre à Jupiter, la cornaline à Vénus, la chalcédoine et le jaspe à Saturne, la topaze et le porphyre à Mercure.

  1. Réunie en un volume in-8o, chez Henri Plon, à Paris. Voyez aussi Bortisme.
  2. M. Jules Garinet, Hist. de la magie en France, p. 245.