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et courut expliquer au palais la cause de l’absence du maître. Pendant ce temps, des pâtres qui menaient leurs troupeaux aux prairies arrivent au manteau ; ils l’enlèvent, et Troian crie : « Couvrez-moi du manteau ; gardez-moi du soleil. » Mais ses prières sont inutiles ; les rayons du so-

 
Troian
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leil arrivent à son visage. Il se tait subitement ; car déjà ses deux yeux se sont écoulés en deux larmes, la tête se fond ; bientôt le cou, la poitrine, le corps entier se change en eau. Et le fidèle serviteur, revenu auprès de son maître, ne trouve plus que le manteau.

Trois. Les anciens crachaient trois fois dans leur sein pour détourner les enchantements. En Bretagne, un bruit qui se fait entendre trois fois annonce un malheur. On sait aussi que trois flambeaux allumés dans la même chambre sont un mauvais présage.

Trois-Échelles, sorcier de Charles IX, qui le fit brûler à la fin pour avoir joint aux sortilèges les empoisonnements et les meurtres. Il avoua dans son interrogatoire que le nombre de ceux de son temps qui s’occupaient de magie passait dix-huit mille. Bodin raconte le tour suivant de ce sorcier : En présence du duc d’Anjou, depuis Henri III, il attira les chaînons d’une chaîne d’or d’assez loin, et les fit venir dans sa main ; après quoi la chaîne se trouva entière. Naudé parle de Trois-Échelles, dans le chapitre ni de son Apologie des grands personnages soupçonnés de magie. Il reconnaît que c’était un charlatan, un escamoteur et un fripon.

Trois-Rieux. Voy. Macrodor.

Troldman, magicien chez les Scandinaves. Voy. Harold.

Trollen, esprits follets qui, selon Leloyer, se louent comme domestiques dans le Nord, en habits de femme ou d’homme, et s’emploient aux services les plus honnêtes de la maison. Ce sont les mêmes que les drolles.

Tronc d’arbre. Le diable prend quelquefois cette forme au sabbat.

Trophonius. Voy. Songes.

Trou du château de Carnoët. J’ai visité, dit Cambry dans son Voyage du Finistère, les ruines massives de l’antique château de Carnoët, sur la rive droite du Laïta (c’est le nom que l’isole et l’Ellé prennent après leur réunion) ; les pans de murs, couverts de grands arbres, de ronces, d’épines, de plantes de toute nature, ne laissent apercevoir que leur grandeur ; des fossés remplis d’une eau vive l’entouraient, des tours le protégeaient. C’était sans doute un objet de terreur pour le voisinage ; il y paraît par les contes qu’on nous en rapporte.

Un de ses anciens propriétaires, type de la Barbe-Bleue, égorgeait ses femmes dès qu’elles étaient grosses. La sœur d’un saint devint son épouse. Convaincue, quand elle s’aperçut de son état, qu’il fallait cesser d’être, elle s’enfuit ; son barbare époux la poursuit, l’atteint, lui tranche la tête et retourne dans son château. Le saint, son frère, instruit de cette barbarie, la ressuscite et s’approche de Carnoët : on lui refuse d’en baisser les ponts-levis. À la troisième supplication sans succès, il prend une poignée de poussière, la lance en l’air ; le château tombe avec le prince, il s’abîme dans les enfers. Le trou par lequel il passa subsiste encore. Jamais, disent les bonnes gens, on n’essaya d’y pénétrer sans devenir la proie d’un énorme dragon.

Troupe furieuse. En Allemagne la superstition a fait donner ce nom à certains chasseurs mystérieux qui sont censés peupler les forêts. Voy. Monsieur de la Forêt, Veneur, etc.

Troupeaux. Garde des troupeaux. — Les bergers superstitieux donnent le nom de gardes à certaines oraisons incompréhensibles accompagnées de formules. Ce qui va suivre nous fera comprendre. Le tout est textuellement transcrit des grimoires et autres mauvais livres de noirs mystères. Nous pensons que la stupidité de ces procédés les combat suffisamment. Les recueils ténébreux donnent ces gardes comme capables

 
Homme tenant un mouton
Homme tenant un mouton
 
de tenir toute espèce de troupeau en vigueur et bon rapport.

Le château de Belle, garde pour les chevaux. — Prenez du sel sur une assiette ; puis, ayant le dos tourné au lever du soleil et les animaux devant vous, prononcez, la tête nue, ce qui suit : « Sel qui es fait et formé au château de Belle, je te conjure au nom de Gloria, d’Orianté et de