Page:Jacques Collin de Plancy - Dictionnaire infernal.pdf/714

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
XEI
XIT
— 706 —

rellement et sans le secours d’aucune influence morale. Les veines sont saillantes chez les sujets pléthoriques, elles sont visibles chez les sujets à peau délicate, chez ceux dont le chorion manque de densité. Le chorion est la partie la plus épaisse du tissu de la peau.

» On prétend que les Normands ont les doigts crochus. Généralement les Normands ont le caractère processif et quelque peu rapace. Autrefois, dit-on encore, quand un enfant normand venait au monde, on le lançait contre un mur ; s’il parvenait à s’y accrocher, il était déclaré bon Normand et digne enfant de la famille ; s’il tombait, on le laissait, sans pitié, se casser la tête. Nous avons demandé au livre du docteur Sargenkœnig quels sont les indices d’un caractère processif et d’un penchant à la rapacité. Nous avons trouvé que les individus dont les phalanges dépassent le volume ordinaire sont naturellement difficultueux ; difficultueux peut bien être accepté comme synonyme de processif. Quant à la rapacité, elle est signalée par une grande élasticité des fléchisseurs. Les doigts crochus ne signifient donc absolument rien.

» Dans l’impossibilité où nous nous trouvons de suivre le docteur allemand dans le développement de sa théorie, et cela, comme nous l’avons dit déjà, faute de connaissances préliminaires suffisantes, nous nous bornerons à ces principes généraux et d’application usuelle.

» Une main potelée, douce, molle, avec les doigts effilés et leur surface dorsale un peu saillante, dénote un caractère facile, timide et faible. Une main large, d’une largeur qui n’est pas en proportion avec la Constitution physique de l’individu, si la surface palmaire ne forme pas cavité, si, en d’autres termes, la main ouverte et renversée ne laisse qu’à peine apercevoir les deux éminences, annonce un caractère absolu, tranchant et de la sécheresse de cœur. La rigidité des extenseurs externes est généralement une indication fâcheuse ; c’est la preuve d’un caractère qui manque de franchise ; c’est aussi le signe de l’avarice.

» Il y a ici quelque chose qui semble se rapporter à une locution assez usitée. On dit : avoir le cœur sur la main. Quand on prononce cette phrase, il semble que l’on voie une main toute grande ouverte, la main d’une personne qui ne sait rien refuser. La rigidité des extenseurs s’oppose à ce que la main s’ouvre avec facilité. L’aisance dans les fléchisseurs, au contraire, est un indice de générosité. Le volume disproportionné de l’éminence thénar, si la face dorsale de la main est potelée, révèle des passions généreuses. S’il arrive, ce qui est peu ordinaire, que l’éminence hypothénar l’emporte en volume sur l’autre éminence, c’est la plus déplorable de toutes les indications. L’individu colère a l’attache des premières phalanges très-marquée. La surface dorsale des doigts grasse et couverte d’un léger duvet dénote un individu voluptueux. La main sèche et plate, avec les doigts carrés à leur extrémité, est l’indication d’un cerveau propre à l’étude des sciences exactes.

» La xeirscopie est une science à l’état d’enfance. On se moquera probablement du docteur Sargenkœnig, comme on s’est moqué de Gall lorsqu’il a mis son système en avant. Qui sait pourtant si la xeirscopie n’est pas destinée à faire son chemin comme la crânioscopie a fait le sien ? Au surplus, comme nous l’avons dit, on ne s’arrêtera pas là. Nous connaissons déjà un homme très-sérieux, employé supérieur au ministère de la guerre en France, qui ne demande que deux lignes de l’écriture d’une personne pour reconnaître si elle a eu, ou si elle aura des garçons ou des filles. Auprès de ces sorciers-là, les crânioscopes et les xeirscopes, si le docteur Sargenkœnig n’est pas le seul de sa bande, font certainement triste figure. »

Xerxès. Ayant cédé aux remontrances de son oncle Artaban, qui le dissuadait de porter la guerre en Grèce, il vit dans son sommeil un jeune homme d’une beauté extraordinaire qui lui dit : — Tu renonces donc au projet de faire la guerre aux Grecs, après avoir mis tes armées en campagne ?… Crois-moi, reprends au plus tôt cette expédition, ou tu seras dans peu aussi bas que tu te vois élevé aujourd’hui. Cette vision se répéta la nuit suivante. Le roi étonné envoya chercher Artaban, le fit revêtir de ses ornements royaux, en lui contant la double apparition qui l’inquiétait, et lui ordonna de se coucher dans son lit, pour éprouver s’il ne se laissait point abuser par l’illusion d’un songe. Artaban, quoiqu’il craignît d’offenser les dieux en les mettant ainsi à l’épreuve, fit ce que le roi voulut, et lorsqu’il fut endormi, le jeune homme, lui apparut et lui dit :

« J’ai déjà déclaré au roi ce qu’il doit craindre, s’il ne se hâte d’obéir à mes ordres ; cesse donc de t’opposer à ce qui est arrêté par les destins. » En même temps il sembla à Artaban que le fantôme voulait lui brûler les yeux avec un fer ardent. Il se jeta au bas du lit, raconta à Xerxès ce qu’il venait de voir et d’entendre et se rangea de son avis, bien persuadé que les dieux destinaient la victoire aux Perses ; mais les suites funestes de cette guerre démentirent les promesses du fantôme.

Xezbeth, démon des prodiges imaginaires, des contes merveilleux et du mensonge. Il serait impossible de compter ses disciples.

Xitragupten. Les Indiens appellent ainsi le secrétaire du dieu des enfers ; il est chargé de tenir un registre exact des actions de chaque homme pendant sa vie.

Lorsqu’un défunt est présenté au tribunal du juge infernal, le secrétaire lui met en main le