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les devins maniaient la hache. Nous ne ferons donc connaître que les deux moyens employés ouvertement dans l’antiquité et pratiqués encore dans certains pays du Nord.

1o  Lorsqu’on veut découvrir un trésor, il faut se procurer une agate ronde, faire rougir au feu le fer de la hache, et la poser de manière que le tranchant soit bien perpendiculairement en l’air. On place la pierre d’agate sur le tranchant. Si elle s’y tient, il n’y a pas de trésor ; si elle tombe, elle roule avec rapidité. On la replace trois fois, et si elle roule trois fois vers le même lieu, c’est qu’il y a un trésor dans ce lieu même ; si elle prend à chaque fois une route différente, on peut chercher ailleurs.

2o  Lorsqu’on veut découvrir des voleurs, on pose la hache à terre ; le fer en bas et le bout du manche perpendiculairement en l’air ; on danse en rond alentour jusqu’à ce que le bout du manche s’ébranle et que la hache s’étende sur le sol : le bout du manche indique la direction qu’il faut prendre pour-aller à la recherche des voleurs. Quelques-uns disent que pour cela il faut que le fer de la hache soit fiché en un pot rond : « Ce qui est absurde tout à fait, comme dit Delancre[1] ; car quel moyen de ficher une cognée dans un pot rond, non plus que coudre ou rapiécer ce pot, si la cognée l’avait une fois mis en pièces ? »

Aym. Voy. Haborym.

Aymar (Jacques), paysan né à Saint-Véran, en Dauphiné, le 8 septembre 1662, entre minuit et une heure. De maçon qu’il était, il se rendit célèbre par l’usage de la baguette divinatoire. Quelques-uns, qui donnaient dans l’astrologie, ont attribué son rare talent à l’époque précise de sa naissance ; car son frère, né dans le même mois, deux ans plus tard, ne pouvait rien faire avec la baguette. Voy. Baguette divinatoire.

Aymon (les quatre fils). Siècle de Charlemagne. Ils avaient un cheval merveilleux. Voy. Bayard.

Aynas, mauvais démons, ennemis des Coudais, qui sont les dieux des Tartares.

Ayola (Vasques de). Vers 1570, un jeune homme nommé Vasques de Ayola étant allé à Bologne, avec deux de ses compagnons, pour y étudier en droit, et n’ayant pas trouvé de logement dans la ville, ils habitèrent une grande et belle maison, abandonnée parce qu’il y revenait un spectre qui épouvantait tous ceux qui osaient y loger ; mais ils se moquèrent de tous ces récits et s’y installèrent.

Au bout d’un mois, Ayola veillant un soir seul dans sa chambre, et ses compagnons dormant tranquillement dans leurs lits, il entendit de loin un bruit de chaînes, qui s’approchait et qui semblait venir de l’escalier de la maison ; il se recommanda à Dieu, prit un bouclier, une épée, et, tenant sa bougie en main, il attendit le spectre, qui bientôt ouvrit la porte et parut. C’était un squelette qui n’avait que les os ; il était, avec cela, chargé de chaînes. Ayola lui demanda ce qu’il souhaitait. Le fantôme, selon l’usage, lui fit signe de le suivre. En descendant l’escalier, la bougie s’éteignit. Ayola eut le courage d’aller la rallumer, et marcha derrière le spectre, qui le mena le long d’une cour où il y avait un puits. Il craignit qu’il ne voulût l’y précipiter, et s’arrêta. L’esprit lui fit signe de continuer à le suivre ; ils entrèrent dans le jardin, où la vision disparut. — Le jeune homme arracha quelques poignées d’herbe, pour reconnaître l’endroit ; il alla ensuite raconter à ses compagnons ce qui lui était arrivé, et, le lendemain matin, il en donna avis aux principaux de Bologne. Ils vinrent sur les lieux et y firent fouiller. On trouva un corps décharné, chargé de chaînes. On s’informa qui ce pouvait être ; mais on ne put rien découvrir de certain. On fit faire au mort des obsèques convenables ; on l’enterra, et depuis ce temps la maison ne fut plus inquiétée. Ce fait est rapporté par Antoine de Torquemada, dans son Hexaméron.

Ayperos, comte de l’empire infernal. C’est le même qu’Ipès. Voy. ce mot.

Azael, l’un des anges qui se révoltèrent contre Dieu. Les rabbins disent qu’il est enchaîné sur des pierres pointues, dans un endroit obscur du désert, en attendant le jugement dernier.

Azariel, ange qui, selon les rabbins du Talmud, a la surintendance des eaux de la terre. Les pêcheurs l’invoquent pour prendre de gros poissons.

Azazel, démon du second ordre, gardien du bouc. À la fête de l’Expiation, que les Juifs célébraient le dixième jour du septième mois[2], on

 
Azazel
Azazel
 
amenait au grand prêtre deux boucs qu’il tirait au sort : l’un pour le Seigneur, l’autre pour Aza-
  1. L’incrédulité et mécréance, etc., traité V.
  2. Le septième mois chez les Juifs répondait à septembre.