Page:Jal - Glossaire nautique, 1848.djvu/11

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C'est surtout la partie française du Glossaire nautique que nous avons développée. parce que c'est celle qui se rapporte le plus directement à l'histoire de notre marine; celle aussi qui devait nous fournir, sinon le plus curieux, du moins le plus complet et le plus brillant chapitre de l'histoire de la langue. Nous n'avons épargné ni soins ni peines pour rendre cette partie complète. Nous n'oserions pourtant nous flatter de n'avoir rien oublié : c'était un champ si vaste!

Les exemples que nous avons cités, nous les avons empruntés aux vieux poètes des langues d'oc et d'oil, aux historiens du Moyen âge et de la Renaissance, aux anciennes ordonnances, aux vieux glossaires, aux correspondances officielles, à des traités imprimés ou manuscrits relatifs aux constructions des vaisseaux et des galères.

Quant à ces citations, nous avons eu une attention particulière. Voulant que le Glossaire nautique eût un intérêt historique en même temps qu'un intérêt philologique, nous avons choisi surtout des textes où se trouve une date bonne à connaître, un nom propre oublié et digne d'être remis en lumière, un fait utile à rappeler. Pour ce qui est du dix-septième siècle, c'est principalement aux grands hommes de mer, puis à Colbert, à Seignelay, aux intendants de la marine, que nous avons emprunté des exemples à l'appui de nos explications des mots techniques.

Le catalan, l'espagnol, le portugais et l'italien, ainsi que le grec et le latin des temps antiques et du Moyen âge, sont, avec le français, les éléments de la portion de ce livre qui, proprement, est le Glossaire; car nous avons demandé peu de chose aux langues du Nord.

Nous avions deux raisons pour cela.

D'abord, bien qu'aux huitième et neuvième siècles les flottes des Vikings normands se soient rendues redoutables; bien que, au treizième siècle, la Norvège ait eu un assez grand matériel naval pour s'engager a fournir à la France deux cents galères et cent grosses nefs [7]; bien que, de tout temps, l'Angleterre ait pu mettre à la mer beaucoup de navires forts et bien armés, le rôle des marines du Nord, jusqu'au seizième siècle, a été très secondaire, comparativement à celui qu'ont joué les marines du Midi.

Le grand intérêt de l'histoire générale de la marine, pendant l'Antiquité et le Moyen âge, est au Midi, par les rivalités de Carthage et de Rome, de Venise et de Gênes, de Marseille et de Barcelone; par les résultats politiques des longues guerres de la Grèce antique et de l'empire de Byzance; par les luttes vigoureuses entre les chevaliers marins de Rhodes et de Malte, et les terribles soutiens de la foi musulmane.

Ce n'est pas que l'histoire des marines Scandinaves et celle de la marine anglaise, antérieure à Henri VIII, soient indignes d'une étude sérieuse; mais nos rapports avec le Midi sont bien plus ordinaires qu'avec le Nord pendant les siècles qui précèdent le seizième; et notre histoire maritime a bien plus la Méditerranée que l'Océan pour théâtre. L'Islande, la Suède, la Norvège, le Danemark, la Russie, attirent peu nos vaisseaux, qui se rendent à toutes voiles dans l'Archipel grec, dans la mer Noire et sur la côte sarrasine. Nous avons des rapports plus fréquents avec la Frise, la Zélande et les Flandres; nous communiquons tous les jours avec l'Angleterre, avant et après la