Page:Jal - Glossaire nautique, 1848.djvu/14

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ce jour est éloigné encore : l'habitude a un empire si tyrannique! Elle sera d'abord obligatoire à bord des bâtiments de l'Etat; elle finira par s'impatroniser sur tous les navires. Alors la nomenclature italienne-grecque disparaîtra tout à fait, et on ne la retrouvera plus que dans notre Glossaire nautique; car elle n'a jamais été écrite ailleurs, et c'est une des raisons pour lesquelles nous l'avons soigneusement conservée. Pour le présent, elle est un des éléments nécessaires du dictionnaire polyglotte usuel; plus tard elle ne sera, dans notre Répertoire, qu'une page curieuse du Glossaire [13].

A Ancône, sur la Padre immortale, trabacolo de Sebenico, nous fîmes, sous la dictée du capitaine – un ancien caporal de la garde impériale! – le recueil des termes usités à bord des navires illyriens et dalmates. Nous complétâmes cette nomenclature, où le slave et le vénitien ont une part presque égale, en remontant le Danube, de Cserna-Voda à Orsova, dans des entretiens avec M. Daubroslawitch, marin ragusais, capitaine du paquebot à vapeur l'Argo. Le Dictionnaire illyrien de Joachim Stull [14] nous donna plus tard des locutions qui rendent assez complète cette partie de notre travail.

Un capitaine de vaisseau de la marine sarde, M. Charles de Persano, Génois fort distingué sous tous les rapports, nous promit, à Gênes, de faire pour nous une nomenclature navale dans l'idiome de son pays. Cet officier a largement tenu sa promesse. Nous avons reçu successivement de Gènes, du Brésil et de la mer du Sud, où il avait été envoyé en station, les trois parties d'un triple vocabulaire italien, génois et français, composé avec un soin extrême par M. Carlo di Persano.

Nous avions besoin, à Venise, de connaître les analogues français de certains termes employés autrefois par les constructeurs vénitiens, termes que nous avaient fait connaître d'anciens documents; nous nous sommes adressé à M. Novello, capitaine du génie maritime, qui a mis le plus gracieux empressement à nous satisfaire.

Le peu de turc vulgaire qu'on rencontrera dans cet ouvrage, nous le tenons des rameurs des qaïks de passage, et des matelots de ces navires à la poupe haute et recourbée qui trafiquent dans le Bosphore et la mer Noire. Il parait que rien n'est plus difficile que de faire, à Constantinople, une nomenclature navale; car ni les drogmans de l'ambassade française, d'ailleurs pleins de bonne volonté pour nous pendant notre séjour à Péra, ni les officiers français stationnés à la Corne d'or ou à Thérapia, n'ont pu y parvenir. Nous avions entrepris de la recueillir nous-même; mais la maladie nous ayant chassé de Constantinople, nous fûmes contraints de laisser ce travail inachevé. Nous n'y avons pas, au reste, un bien grand regret, parce qu'en général le vocabulaire des marins turcs est le même que celui des Grecs; et il est tout naturel qu'il en soit ainsi, les vaisseaux turcs ayant eu longtemps pour leurs équipages des matelots de Syra, de Chio, d'Hydra, de Ténédos et de tous les rivages de la Grèce. L'élément turc n'est cependant pas absolument éliminé de la nomenclature en usage sur les vaisseaux de Sa Hautesse : ce qui en a été conservé, nous l'avons trouvé en interrogeant