Page:Jal - Glossaire nautique, 1848.djvu/6

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désormais elle sera ouverte à tous. C'est l'intention du présent livre; ce sera son avantage, si nous ne nous sommes pas trompé.

Plus nous avons lu les chroniques françaises et étrangères; les contrats de vente ou d'affrètement des navires; les statuts relatifs aux constructions des nefs et des bâtiments à rames; les vieilles et sages lois qui réglaient les rapports des propriétaires de navires avec les mariniers, et ceux des capitaines avec leurs équipages et leurs passagers; les ordonnances pour la police de la navigation; celles qui contrôlaient les armements en guerre et en marchandises, plus nous nous sommes convaincu que, si l'on ne sait pas la langue maritime, il est impossible de faire quelque chose de raisonnable sur la marine. Nous nous sommes bien expliqué alors pourquoi les historiens qui ont traité des variations de l'art, des combats livrés sur mer, et des développements du commerce maritime pendant les siècles antérieurs au dix-septième, se sont copiés l'un l'autre, et, reproduisant les erreurs consacrées, sont restés en même temps voilés et incomplets. On sent que leur allure est gênée quand ils traversent les siècles du Moyen âge; on sent qu'ils n'ont pas vu les documents originaux, ou que, s'ils les ont vus, ils n'ont pu les lire et les comprendre.

Notre mission (et ce n'est pas sans une sorte d'inquiétude que nous y pensons) est, après la publication de ce Glossaire nautique, d'écrire une Histoire de la marine française avec les synchronismes étrangers, depuis les temps les plus reculés de la monarchie. Nos études pour l'accomplissement de ce devoir sont déjà nombreuses; et l'Archéologie navale, présentée comme des prolégomènes à notre travail historique, est une sorte de restitution de l'ancien matériel naval, faite pour dégager le terrain de plusieurs questions qui embarrassent toujours un peu la marche de l'historien.

Cette histoire, nous sera-t-il donné de l'achever? Les forces seconderont elles en nous la volonté? La maladie ou la mort ne viendra-t-elle pas paralyser ou briser la plume dans notre main? Nous espérons qu'il n'en sera rien; mais Dieu se joue des espérances de l'homme, et nous avons dû agir comme si nous n'avions pas confiance en l'avenir.

Il nous a paru qu'ayant fait de longues recherches sur tout ce qui se rapporte à l'art naval, nous devions en publier les résultats, pour signaler aux futurs historiens de la marine des documents peu connus ou difficiles à trouver, et pour leur en faciliter l'intelligence.

Cette fois, la forme de Mémoires ne nous a pas semblé convenir à la publication que nous nous proposions de faire. Bien que souvent il nous faille discuter et démontrer, nous avons adopté celle du Dictionnaire, plus commode, et qui admet, sous la classification alphabétique, une foule de petits détails, impossibles à introduire dans les dissertations les plus étendues et les plus chargées de notes.

Le Dictionnaire, tel que nous le publions, est le développement du Glossaire en projet dans notre tête dès l'année 1831. Alors, nous voulions seulement recueillir les termes de marine qu'on trouve dans les chroniques rimées et les romans poétiques des douzième et treizième siècles, dans Geoffroy de Villehardouin, Joinville, Froissard, André de la Vigne, Jean d'Auton, et quelques écrivains plus modernes; termes qui étonnent et arrêtent nécessairement les lecteurs étrangers au langage de nos vieux marins.

Notre plan s'est donc élargi.

De français qu'il devait être, le Glossaire nautique est devenu polyglotte. A côté des mots de la nomenclature française ancienne, nous avons pensé qu'il fallait admettre ceux des nomenclatures grecque,