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LE RESTE EST SILENCE…

taient des jardins, des villas aux murs couverts de lierres poussiéreux et rapaces.

Nous descendîmes au seuil d’une grande allée, au bout de laquelle s’ouvrait le parc. Un petit château de couleur jaunâtre semblait s’adosser aux collines, et, de sa terrasse à la grille d’entrée, des bassins se suivaient, jetés dans le gazon comme des pièces d’argent. Les ombrages un peu courts des arbres laissaient passer le soleil, comme un filet aux mailles trop larges laisse glisser des poissons. Quelques rares voitures roulaient doucement sur le sable fin.

Il y avait à gauche un étang où de lents cygnes nageaient, avec une hauteur ennuyée. Des massifs d’arbres, dont les verts se nuançaient selon leur âge, formaient autour un opulent bracelet de végétations ; des ponts de bois enjambaient élégamment des canaux ridés par la brise, comme de plis à peine creusés d’éventail.

Une femme, derrière un kiosque, vendait du pain et des gâteaux que des enfants achetaient. Beaucoup partageaient leur goûter avec les cygnes qui venaient vers la