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LE RESTE EST SILENCE…

— Promets-le-moi… Léon ! Promets-le-moi !

J’aurais dû être éloquent, parler, l’adjurer de ne pas partir, lui représenter notre maison quand elle n’y serait plus. J’étais si ému, si troublé que je ne pus trouver le cri qui l’aurait retenue. Hélas ! c’est dans ces occasions-là que l’on perçoit le mieux la faiblesse de notre nature. Déjà une sourde honte me gênait, je ne sais quelle timidité, une absurde pudeur de montrer mes sentiments réels.

Je regardais maman avec terreur ; ses gestes étaient saccadés et incohérents, elle allait et venait comme une folle, prenait un objet, le mettait dans son sac, le rejetait ensuite au fond d’un tiroir. Il me semblait que des fils de sympathie et d’intelligence se rompaient entre nous ; je ne l’avais jamais vue ainsi, je ne comprenais rien à sa façon d’être.

J’étais sur le bord du canapé ; elle se jeta tout-à-coup à mes pieds et s’agenouilla devant moi :

— Léon, je t’en supplie, plus tard, quand