Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/183

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sa surveillance, la moustache au vent et possesseur à son tour de ce je ne sais quoi de terrible et de doux qui fait pleurer les jeunes femmes.

— Non, répétait-elle, il vaut mieux dire la vérité tout de suite et qu’on ne peut rien, et ne pas s’engager. Parce qu’après, quand on s’en va, on sent que la vie est finie, et c’est atroce : toutes les maisons semblent se fermer devant vous…

Je ne comprenais plus rien. N’était-elle pas allée chez madame de Thieulles ? Je le lui demandai.

— Oui, je suis allée alors chez madame de Thieulles, mais si je n’avais pas eu une amie aussi fidèle, aussi dévouée, où aurais-je fait tête ? Et si Gabrielle n’était pas venue tout arranger ici, ce matin ?

Elle ne poussa pas plus loin ses hypothèses, et elle passa dans son cabinet de toilette où je l’entendis remuer de l’eau et agiter des flacons. Et j’éprouvai dans ma joie une subtile tristesse qui l’empoisonnait, comme cette odeur amère qui, cachée dans les plis somptueux d’une belle étoffe