Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/237

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tenu le plus au cœur, c’est cette Florence qui m’a dédaigné et qui s’est moquée de moi… Et puis, il est venu la petite May, et je l’ai aimée, comme je n’avais aimé ni Georgiana, ni Margaret, ni Rébecca, ni même cette Florence…

Il se penchait et baisait la petite May sur ses cheveux.

— La petite May m’aimera-t-elle longtemps ? demandait-il.

— La petite May vous aimera toujours, disait-elle.

— Combien cela dure-t-il, toujours ? Est-ce long ?

Mais l’enfant regardait, sans le comprendre, son étrange amant.

— Toujours, c’est toujours, disait-elle enfin, avec gravité.

Il la prenait alors dans ses bras en souriant, et, lentement, comme on porte un trésor, il la montait dans la chambre à coucher, par le vaste escalier de marbre rouge où les orgueilleuses armoiries voyaient passer l’héritier de leur grandeur amoureux d’une Bohémienne…