Page:Jaloux - Le reste est silence, 1910.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
82
LE RESTE EST SILENCE…

veillance de ma chère belle-sœur que je dois cela…

— Irma ne m’a pas parlé de toi, murmura mon père, gêné.

— Oh ! Joseph, ne m’assurez rien ! Vous mentez si mal ! De quoi parleriez-vous tous deux, sinon de moi ?

Elle changea brusquement de sujet, et, jouissant de sa force nouvelle, repoussa la précédente attaque dirigée par son mari :

— Et si je ne veux pas la mettre, ma robe neuve, c’est à cause d’Irma, je ne veux pas qu’elle fasse encore des allusions à ma prétendue coquetterie et qu’elle dise que je suis une dépensière, une gaspilleuse, et cætera. Elles m’embêtent, moi, toutes ces histoires ! Tout le monde ne peut pas être aussi laid et aussi fagoté qu’Irma…

Mon père saupoudrait ses fraises de sucre pulvérisé ; il se faisait tout petit derrière son assiette ; on l’eût pris sous un chapeau ! Il dit enfin :

— Écoute, Jeanne, ne mets pas ta robe bleue et nous n’irons pas chez Irma…

Ne pas aller chez Irma un dimanche !