Page:Jaloux - Le triomphe de la frivolité, 1903.djvu/23

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moins un attaché qu’un ligotté d’ambassade ?

— C’est facile à comprendre, répondit M. de Cabre. On a parlé là-bas, ces jours derniers, dans un salon, de Madame Sézary, qui, vous ne l’ignorez pas, est la maîtresse de cet excellent Jur-Bavès, et l’on a eu le front de raconter devant lui qu’elle venait de prendre pour amant Gonzague de Gaulnes. Notre attaché, là-dessus, est parti comme un fou, et il vient de tomber à Paris comme un obus, pour faire explosion sous le nez de son rival. Il était persuadé que Madame Sézary lui demeurerait fidèle jusqu’à son retour…

— Il ne manquait pas d’audace, dit Madame de Lèvrages, et que va-t-il faire maintenant, cet optimiste ?

— Ce que font tous les optimistes, en pareil cas, assura Myomandre : une hécatombe ! Il va assassiner sa maîtresse, l’amant de sa maîtresse, le petit fox de sa maîtresse, et il se suicidera sur leurs cadavres. Ce sera très beau.

Madame de Pleurre étendit la main, elle voulait parler. Nous nous tûmes. De sa voix brisée, elle demanda :

— Racontez-moi donc d’autres potins. Que dit-on dans la ville ?

— La dernière aventure de Madame de Pascalise, fit Eric Sassily.

Nous eûmes un mouvement de honte. Madame de Pascalise avait eu une nouvelle aventure, et nous l’ignorions ! Et elle datait au moins de la veille, puisque Sassily la connaissait déjà. M. de Cabre, qui se vantait de tout savoir, était perdu de réputation !