Page:Jaloux - Les barricades mystérieuses, 1922.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES BARRICADES

la contredire et je finissais par perdre toute espèce de personnalité. J’assistais avec honte à la faillite de mon propre caractère, sans avoir le courage de réagir, ni d’aveugler cette lucidité douloureuse, qui me permettait de comprendre que j’achevais ma propre ruine.

Cependant, cette incertitude me devint intolérable. Un soir de mai je résolus d’en avoir le cœur net et d’interroger Wanda.

J’avais attendu quelques jours pour le faire, guettant une heure où elle me parût moins sombre et plus accueillante. Or, cet après-midi-là, elle m’avait charmé par son enjouement et son espièglerie. Je jugeai le moment venu et comme nous descendions au fond du jardin pour cueillir des iris, je la forçai à s’asseoir sur un vieux tronc moussu, écroulé dans un coin.

Il faisait frais et pur. Le ciel s’abattait