Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/116

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spiration on ne peut rien organiser en France. Je te serai bien obligé si tu voulais bien me donner quelques nouvelles précises sur le mouvement qui s’y fait aujourd’hui. En général, prenons l’habitude de nous écrire de temps à autre. Nous sommes si peu, et ce n’est qu’en nous serrant et en nous soutenant mutuellement que nous pourrons faire quelque chose. J’espère donc que tu m’écriras bientôt, et dans cet espoir je te serre la main.

Ton dévoué,
M. Bakounine[1].


Alerini et Brousse, tous deux réfugiés à Barcelone, le premier depuis le printemps de 1871, le second depuis décembre 1872, y constituèrent au printemps de 1873, en s’adjoignant le jeune canut lyonnais Camille Camet (venu de Zürich), un comité de propagande et d’action, qui se donna pour tâche de publier un journal en langue française et de préparer en France un mouvement insurrectionnel. Ce comité, qui prit le nom de Comité de propagande révolutionnaire socialiste de la France méridionale, exposa son programme dans une circulaire autographiée datée du 4 avril 1873 (publiée par Nettlau, note 3708), où il disait :


Unis pour la lutte économique, les travailleurs de tous les pays ont déjà remporté sur ce terrain plus d’une victoire. C’est à la solidarité ouvrière que sont dus tous ces succès. Aujourd’hui cette arme est appelée à nous rendre de plus grands services encore. Il faut la transporter sur un autre terrain que le terrain économique, sur un autre champ de bataille que celui de la grève, sur celui de la révolution.

Les circonstances sont favorables, puisque en Espagne une période révolutionnaire vient de s’ouvrir. Il faut dès aujourd’hui qu’une solidarité morale s’établisse entre les prolétaires de ce pays et les travailleurs du Midi de la France, pour que demain tout soit préparé pour qu’elle devienne effective et matérielle et qu’elle les unisse sur le terrain de l’action.

... C’est pour arriver à cette union... qu’il a été fondé à Barcelone un Comité de propagande révolutionnaire socialiste, et que ce Comité va publier un organe, la Solidarité révolutionnaire. Déjà les relations avec la France méridionale sont assurées ; confié à des mains amies, notre journal sera distribué sûrement à tous ceux à qui il s’adresse. Mais cette action révolutionnaire, ces publications destinées à l’aider, vont entraîner des frais considérables, frais que des souscriptions doivent couvrir. Décidé à faire son devoir, le Comité compte sur tous les révolutionnaires dignes de ce nom.


La circulaire parlait ensuite du programme du Comité, et disait :


Nous nous placerons sur le terrain de l’an-archie... Nous ne sommes pas communistes, parce que ce système nécessite l’établissement d’un grand pouvoir central... ; nous ne sommes pas non plus mutuellistes, parce que nous ne croyons pas à la constitution de la valeur... : nous sommes collectivistes.


Et elle se terminait ainsi :


Voilà, citoyens, le but de notre Comité, le programme du journal qui

  1. Lettre publiée par Nettlau, p. 759 et note 2768.