Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/130

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machines dans l’industrie ;... que les ouvriers monteurs de boîtes sachent bien que, malgré tous leurs efforts, un jour viendra, et ce jour est prochain, où les machines pénétreront dans leurs ateliers. Il en est de même pour le travail par parties brisées : la division du travail est un élément nécessaire de la production moderne...

Pourquoi les ouvriers monteurs de boîtes sont-ils hostiles à l’emploi des machines et à la division du travail ? Ce n’est certes pas par ignorance ni par haine pour les progrès de l’industrie ;... [c’est parce que] les avantages produits par l’emploi des machines et par la division du travail sont accompagnés de graves inconvénients pour les ouvriers : ce qui est bénéfice pour le patron et pour l’industrie en général, est acheté au prix d’un véritable désastre pour le travailleur...

Ce que les ouvriers repoussent, ce n’est pas en réalité l’emploi des machines ni la division du travail : ce sont les maux qui naissent pour l’ouvrier de l’emploi des machines et de la division du travail. Que l’on trouve un moyen de supprimer ces maux,... et les ouvriers seront les premiers à réclamer le plus grand perfectionnement possible des machines et la plus extrême division du travail.

Eh bien, le moyen dont nous parlons, il existe. C’est un moyen radical — mais il n’y en a pas d’autre : Il faut que les machines, et tous les instruments de travail en général, ne soient plus la propriété des patrons, mais deviennent la propriété collective des ouvriers.

... Nous le disons donc, avec la plus profonde conviction, aux monteurs de boîtes et à tous les ouvriers de notre pays : « Vos sociétés de résistance seront impuissantes à empêcher chez nous le développement de la grande industrie et l’emploi des machines... Il faut donc... comprendre dès aujourd’hui que le véritable but des sociétés ouvrières doit être, non pas de s’opposer aux machines, mais de devenir elles-mêmes propriétaires des machines et de tout l’outillage... »


Le 3 août eut lieu à Undervillier une assemblée privée des adhérents des diverses Sections du Jura bernois, pour s’entendre sur le caractère de la propagande socialiste et les moyens de l’organiser dans la région. Les résolutions adoptées à cette réunion furent publiées dans deux numéros du Bulletin (10 et 17 août) ; elles caractérisent très nettement la façon dont les ouvriers jurassiens comprenaient, à ce moment, le programme d’organisation et d’action.

Voici les parties essentielles de ces résolutions :


I. Organisation des travailleurs industriels et agricoles dans le Jura bernois.

1. Le groupement corporatif s’impose comme première nécessité d’organisation ouvrière.

2. L’union des divers groupes corporatifs s’impose comme seconde nécessité d’organisation.

3. L’assemblée se prononce pour la libre fédération des groupes corporatifs, la centralisation dans n’importe quel domaine aboutissant à l’étouffement de la liberté humaine, au despotisme.

4. Les Sections travailleront à constituer dans chaque district une fédération ouvrière, par le groupement des sociétés ouvrières déjà existantes, et à la constitution des sociétés de métier dans les professions non organisées.