Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ses par le correspondant parisien de son journal, pas plus que de celles qui pourraient être émises par d’autres correspondants. Le programme politique des travailleurs belges peut se résumer ainsi : s’abstenir de toute alliance avec les partis bourgeois qui se disputent le pouvoir, que ces partis soient catholiques, libéraux, progressistes ou républicains... Mais, d’autre part, nous croyons être logiques avec le principe d’autonomie des groupes, en laissant aux travailleurs des autres pays la latitude de faire momentanément alliance avec tel ou tel parti politique, s’ils jugent cette alliance utile à la cause du prolétariat. »

De la part du Conseil fédéral belge, une semblable attitude nous parut inadmissible, et le Bulletin le lui dit sans ambages (16 novembre) :


S’il convient à une fraction du prolétariat, ou à des intrigants se disant prolétaires, de contracter alliance avec des ennemis avérés du prolétariat tels que les bonapartistes, nous ne pouvons pas, sous prétexte d’autonomie, rester paisibles spectateurs d’une transaction pareille ; notre devoir est d’avertir ceux des ouvriers qui seraient de bonne foi qu’ils font fausse route, et de démasquer les intrigants qui les trompent et les trahissent. La neutralité, en pareil cas, serait de la complicité.

Nous croyons devoir hautement déclarer que, pour nous, le correspondant parisien de l’Internationale a trahi la cause socialiste ; et que tout journal qui se fera l’écho complaisant de doctrines semblables à celles que contiennent ces correspondances trahira lui-même la cause socialiste. Il ne suffit pas de déclarer qu’on n’accepte pas la responsabilité des opinions d’un correspondant ; il faut ne pas accueillir ses correspondances. Si le journal l’Internationale ne partage pas cette manière de voir, tant pis pour lui.


Le jour même où paraissait cet article du Bulletin, l’Internationale publiait une nouvelle correspondance de « G. Durand », apportant de nouveaux arguments à l’appui de l’alliance des ouvriers français avec le prince Napoléon, qui devait leur garantir le plein exercice du droit de suffrage. Cette fois, ce fut Gustave Lefrançais qui répondit, par une lettre signée de son nom (Bulletin du 30 novembre), où il disait :


Nous venons de lire dans le n° 253 (16 novembre 1873) de l’Internationale de Bruxelles la réfutation promise par le prétendu G. Durand aux adversaires de l’alliance socialiste avec le prince Napoléon. Jamais plus piteux arguments n’ont été mis au service d’une cause aussi malpropre... M. G. Durand persiste à patauger dans cette fange au risque de s’y engloutir. Libre à lui, mais alors qu’il ne s’étonne pas du dégoût qu’il soulève. Malgré le masque qui recouvre son visage à cette heure, la tache indélébile qu’il s’est volontairement imprimée le fera toujours facilement reconnaître.


La polémique en resta là.


Une grève des mécaniciens du Centre-Hainaut, en Belgique, fut l’occasion d’une manifestation internationale de solidarité : l’appel du Conseil fédéral belge en faveur des grévistes fut reproduit dans les organes de l’Internationale, et des souscriptions furent ouvertes un peu partout. Une grève de tisserands, à Dison, près de Verviers, eut également beaucoup de retentissement. On vit aussi des symptômes de propagande anti-militariste dans l’armée belge : l’Ami du peuple, de Liège, publia en novembre une lettre que lui adressait un groupe