Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

transforma alors en réunion familière égayée par des chansons et des toasts. » Avant la clôture de la séance, on convint qu’une réunion analogue aurait lieu à Berne au commencement d’octobre.

Le Congrès jurassien d’avril avait décidé qu’il serait publié, à titre d’essai, une feuille volante en langue allemande, pour faire la propagande des principes socialistes parmi les ouvriers de langue allemande de la région jurassienne. Cette feuille (imprimée à Neuchâtel) parut le 24 mai, sous le titre de Social-demokratisches Bülletin[1]. Nous ne continuâmes pas cet essai pour le moment, à cause de la difficulté de trouver parmi nous des camarades écrivant correctement l’allemand. Mais deux ans plus tard la tentative devait être reprise, dans une ville allemande, Berne, et cette fois l’entreprise se montra viable et prospéra.

De leur côté, quelques membres de la Section de propagande socialiste de Genève, Lefrançais, Joukovsky, Montels, Teulière, Chalain et Thomachot, désireux d’avoir un périodique à eux, créèrent un organe mensuel, qui parut le 20 avril sous ce titre : La Commune, revue socialiste. Au second numéro, le gouvernement genevois ayant interdit au journal de prendre un titre qu’il jugeait séditieux, le périodique s’appela simplement Revue socialiste. Son existence ne dura que jusqu’en novembre 1874 (huit numéros).

Le Bureau fédéral de l’Internationale, à Bruxelles, avait adressé à la fin de juin une circulaire (reproduite dans le Bulletin du 5 juillet) à toutes les Fédérations régionales, pour leur indiquer les questions qui, sur les propositions émanées de ces fédérations, devaient former l’ordre du jour du Congrès général. Le Comité fédéral jurassien invita, au commencement de juillet, les sections jurassiennes à décider s’il serait envoyé au Congrès général de Bruxelles un seul délégué, ou plusieurs, pour représenter la Fédération jurassienne, et à faire des propositions pour la délégation. Les sections se prononcèrent à l’unanimité pour l’envoi d’un délégué unique, et élurent comme délégué de la Fédération Adhémar Schwitzguébel[2]. La Section de Berne avait proposé que chaque section rédigeât un mandat ; ces mandats seraient tous remis au délégué, qui se conformerait, lorsqu’il y aurait divergence sur un point, à la ligne de conduite indiquée dans la majorité des mandats. La Section de Sonvillier proposa, à l’encontre, que les mandats particuliers des sections fussent envoyés au Comité fédéral, lequel en extrairait les termes d’un mandat général qu’il soumettrait à l’approbation des sections. C’est la proposition de Berne qui fut adoptée. Le Bulletin publia successivement trois des mandats qui furent remis au délégué jurassien, ceux des Sections de Sonvillier, du Locle et de Berne. Sur la question des services publics, Sonvillier et le Locle se prononçaient négativement : Sonvillier pensait que « l’élaboration d’un plan d’organisation des services publics n’aurait aucune valeur scientifique », que « un plan préconçu et général des services publics serait contradictoire avec l’autonomie des groupes », et « il lui paraissait rationnel de rester dans les limites suivantes : affirmation de la propriété collective comme base de l’organisation sociale ; affirmation du principe d’autonomie et de libre fédéra-

  1. Le Social-demokratisches Bülletin fut tiré à 600 exemplaires, ainsi répartis : la Chaux-de-Fonds 100, Neuchâtel 100, Genève 100, Val de Saint-Imier 100, Berne 100, le Locle 50, Bienne 25 ; il resta 25 exemplaires à la disposition du Comité fédéral jurassien ; 50 exemplaires furent envoyés à Mulhouse, dont 25 furent pris sans doute sur ceux de la Chaux-de-Fonds. (Procès-verbaux du Comité fédéral, du 20 mai et du 22 juin 1874.)
  2. Il lui fut alloué une somme de 300 francs pour frais de voyage ; les procès-verbaux du Comité fédéral mentionnent le versement des sommes suivantes par les sections : Cercle d’études sociales de Sonvillier, 30 fr. ; Cercle d’études sociales de Saint-lmier, 30 fr. ; graveurs et guillocheurs du district de Courtelary, 30 fr. ; Section de la Chaux-de-Fonds, 40 fr. ; graveurs et guillocheurs du Locle, 40 fr. ; Cercle d’études sociales du Locle, 30 fr. ; Section de Neuchâtel. 30 fr. ; Section de Berne, 15 francs. Un emprunt fut contracté par le Comité fédéral, qui put remettre à Schwitzguébel la somme convenue sans attendre l’envoi de la quote-part de toutes les sections.