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très détaillé, que je m’efforcerai de résumer. En septembre de l’an dernier, le gouvernement républicain ordonna la fermeture du local des sections de Cadix, pour y établir une école sous l’invocation de la Vierge du Rosaire. Cette mesure fut bientôt étendue à d’autres fédérations, et, le gouvernement ayant suspendu les garanties constitutionnelles, les fédérations résolurent, pour le cas où elles seraient dissoutes, de s’organiser secrètement. Les grèves, malgré tout, étaient énergiquement soutenues. Les gouvernants en vinrent à menacer les grévistes de les faire retourner au travail à coups de canon, s’ils ne voulaient pas le faire volontairement. De nouvelles fédérations adhéraient sans cesse à l’Internationale. À Alcoy, à la suite des événements de juillet 1873, et malgré la promesse de ne pas poursuivre les participants à ces événements, des arrestations en masse eurent lieu, et plus de 250 internationaux sont encore dans les prisons de cette ville. Les fédérations de métiers ne se bornent plus à des questions de résistance, elles se placent de plus en plus au point de vue de l’action révolutionnaire, et leurs congrès prennent des résolutions dans ce sens. L’avènement de Serrano au pouvoir fut le signal du complet déchaînement des passions réactionnaires. En janvier 1874, un décret prononça la dissolution de l’Internationale. L’envahissement par les séides du gouvernement des locaux des sections et fédérations, l’incarcération des adhérents, devinrent des mesures générales. Tous les organes de l’Internationale, la Federacion, le Condenado, la Revista social, l’Orden, l’Obrero, la Internacional, furent suspendus ; mais bientôt après, le journal clandestin les Représailles releva le drapeau de l’Association. La bourgeoisie ne se contenta pas de ces mesures : elle fit jeter à la mer soixante-six internationaux de San Fernando, enfermés dans des sacs. La calomnie se joignit aux persécutions ; les internationaux furent accusés d’être les complices des carlistes. La Fédération espagnole a donné la preuve qu’elle ne se laissera pas intimider par ces persécutions : en juin dernier, elle a célébré son quatrième Congrès régional à Madrid même, et a pris des résolutions très énergiques, qui ont déjà reçu quelques applications. La violation des correspondances, le vol des valeurs qu’elles peuvent contenir, sont pratiqués par les autorités gouvernementales dans toute l’Espagne. Mais des mesures sont prises pour sauvegarder l’organisation contre de pareils procédés. Les internationaux espagnols sont entrés dans la voie des représailles, ils ne la quitteront que pour l’action révolutionnaire décisive. »

Les tableaux statistiques annexés à ce rapport, et qui ont été imprimés tout au long dans le Compte-rendu officiel (pages 186-201), donnent les chiffres suivants : La Fédération espagnole comprenait, au 28 août 1874, 349 sections constituées (dont 241 sections de métier, et 108 sections mixtes), réparties dans 193 localités ; plus 183 sections en constitution (dont 127 sections de métier et 46 sections mixtes), réparties dans 129 localités. À la Fédération espagnole adhéraient en outre 8 Unions de métiers, comprenant 188 sections de résistance, et 8 Fédérations de métier comprenant 223 sections de résistance.

Pour terminer la séance, le président donna lecture d’un manifeste adressé au Congrès par le Comitato italiano per la Rivoluzione sociale. Voici ce document[1] :


Le Comité italien pour la Révolution sociale aux délégués formant le Congrès général de l’Association internationale des travailleurs, à Bruxelles.

Compagnons,

Nous avons reçu l’avis de l’ouverture du VIIe Congrès général de l’Internationale à Bruxelles, le 7 septembre 1874.

  1. C’est une feuille volante de deux pages d’impression, sans lieu ni date, avec la mention : « Traduit de l’original italien ». La traduction, comme je l’ai dit, avait été faite par moi ; la feuille volante fut imprimée à l’imprimerie du Bulletin. Le manifeste est reproduit in-extenso dans le Compte-rendu du Congrès, pages 29-31.