Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/243

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le triomphe de la révolution sociale et la réalisation de notre programme.

La conspiration, qui d’abord n’avait pas empêché quelques sections de continuer à vivre d’une vie plus ou moins publique, est devenue aujourd’hui l’unique organisation possible des masses révolutionnaires en Italie, après que nos gouvernants, effrayés par les dernières agitations, ont mis de côté toute retenue et, séquestrant, emprisonnant, supprimant, en ont fini d’un seul coup avec les derniers restes de l’organisation publique de l’Association internationale des travailleurs.

Voilà comment le gouvernement, commençant d’abord par l’espionnage et les guet-apens de toute sorte, pour finir par la suppression en masse, nous a successivement conduits de l’Internationale publique à la plus sévère conspiration. Et puisque l’expérience nous a montré que cette dernière organisation était de beaucoup supérieure à la première, n’avions-nous pas raison de dire que la fin de l’Internationale publique en Italie était un heureux résultat que nous devions entièrement à notre gouvernement ?

Quant aux récentes agitations que nous avons mentionnées tout à l’heure, nous n’en dirons ici que ce que nous pouvons et devons dire. De petites bandes de jeunes gens se sont montrées dans les campagnes de la Romagne et de la Fouille. Les jeunes gens qui les composaient appartenaient presque tous au prolétariat, tous à la grande masse révolutionnaire italienne. Leurs armes et leur attitude indiquaient le début d’un grand mouvement populaire.

Mais était-ce bien là leur but ? Si oui, par quelles circonstances ont-ils échoué ? Si au contraire leur but était différent, ce but a-t-il été atteint ?

Ce sont là des questions auxquelles nous ne pouvons rien répondre ; et les calomnies puériles et stupides de la presse bourgeoise ne pourront pas nous faire perdre de vue un seul instant notre mandat. Aujourd’hui ces forces révolutionnaires sont plus animées, mieux organisées et plus nombreuses qu’auparavant ; elles forment un vaste réseau qui embrasse de plus en plus l’Italie tout entière.

L’époque des congrès est pour nous décidément finie, et le mandat de vous adresser la parole, comme nous le faisons maintenant, pourra difficilement se renouveler dans une autre occasion semblable. L’Italie révolutionnaire, sans cesser de tenir son regard fixé sur l’humanité opprimée et de se sentir un membre de la Révolution universelle, continuera à suivre la voie qu’elle a adoptée, comme la seule qui puisse la conduire à son but final, le triomphe de la Révolution sociale[1].

  1. Des extraits de ce document furent publiés dans le Bulletin du 13 septembre 1874. La Tagwacht de Zürich, du 16 septembre, apprécia en ces termes le manifeste de nos amis italiens : « Italie. Un Comité italien pour la Révolution sociale a adressé au Congrès de Bruxelles un manifeste horripilant, dans lequel éclate la démence la plus ultra-bakouniste. À ce qu’il paraît, les bakounistes italiens se préparent à des exploits analogues à ceux qui ont été accomplis par leurs confrères espagnols, qui ont compromis si gravement la cause de la révolution et du travail. Nous ne pouvons pas comprendre comment le Bulletin jurassien peut présenter à ses lecteurs cette blague, cette sottise ampoulée, comme un document important. Les fanfarons qui ont rédigé ce manifeste se sauveront au premier coup de fusil. » — Le Bulletin répondit (27 septembre) : « Il y a longtemps que nous n’avions lu dans la presse bourgeoise un si joli ragoût de gros mots et de plates méchancetés. Et penser que cela vient des socialistes züricois, et que ces basses injures sont dirigées contre la partie la plus énergique et la plus dévouée du prolétariat italien ! Cela fait mal au cœur. »