Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conjuré contre elle, reste plus vivante que jamais et pleine d’espoir dans la prochaine réalisation de son programme.


Je reproduis encore deux articles du Bulletin relatifs au Congrès de Bruxelles.

Le premier (20 septembre) s’occupe du rapport de la Section bruxelloise sur les services publics. Le voici :


Le rapport bruxellois sur les services publics.

Nous venons de recevoir le remarquable rapport publié par la Section bruxelloise de l’Internationale sur la question de l’organisation des services publics dans la société future. C’est un travail d’un grand intérêt, bien raisonné et bien écrit ; et nous ne pouvons qu’engager d’une façon pressante toutes les Sections jurassiennes à en prendre connaissance pour l’étudier et le discuter avec toute l’attention qu’il mérite.

Il est un point toutefois, dans ce rapport, qui pourra soulever des objections, et qui, dans tous les cas, nous paraît de nature à créer de nombreux malentendus, si on ne prend soin de l’élucider bien clairement.

Le rapport bruxellois se sert du mot État, en lui donnant un sens analogue à celui que les socialistes allemands attribuent à leur Volksstaat. Il pense que les socialistes an-archistes, ou, pour parler en français plus clair, les socialistes fédéralistes, ont tort de rejeter ce terme ; et il va jusqu’à dire que ces an-archistes ou fédéralistes, — au nombre desquels il faut compter, croyons-nous, la plupart des lecteurs du Bulletin, — tout en repoussant le mot « État », acceptent néanmoins la chose, au sens où l’entendent les socialistes bruxellois.

Il y a longtemps déjà qu’on dispute sur le sens du mot État, et que les diverses écoles socialistes opposent les unes aux autres des formules comme abolition de l’État ou constitution de l’État populaire, formules auxquelles l’emploi de ce terme équivoque donne un sens mal défini et prêtant à toutes sortes d’interprétations de fantaisie. Ne serait-il pas temps de mettre fin à ces querelles de mots et de s’expliquer une fois pour toutes, en adoptant un vocabulaire précis et uniforme, qui ne laisse plus de doute sur la pensée réelle de ceux qui en emploient les termes ? Nous allons essayer de définir nettement ce que le rapport bruxellois entend par l’État socialiste, et d’expliquer avec la même netteté ce que les socialistes fédéralistes entendent par l’abolition de l’État : nous verrons s’il y a entre ces deux conceptions des différences essentielles ; et, comme conclusion, nous proposerons à l’acceptation des socialistes un vocabulaire destiné à prévenir le retour des équivoques qui embarrassent actuellement nos discussions.

Le rapport bruxellois explique comme suit, pages 21-23, la façon dont s’organisera, dans la société future, l’administration de la Commune et celle de la Fédération des communes :

« Ne faudra-t-il pas que les groupes ouvriers, les corps de métier de la Commune, choisissent dans leur sein des délégués à chacun des services publics ? N’avez-vous pas ainsi une administration locale des services publics, une administration communale ?