Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/256

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« Il faudra aussi que les communes s’entendent, se constituent en Fédération de communes, et choisissent une délégation qui s’occupe des services publics ayant un caractère régional. Ces délégués constituent une administration publique, régionale ou nationale, le nom ne fait rien à la chose. »

Demandons maintenant à un socialiste an-archiste ou fédéraliste de nous exposer aussi sa conception de l’organisation future de la société. Il le fera exactement dans les mêmes termes que le rapport bruxellois : il dira aussi que la Commune doit être administrée par les délégués des corporations ou groupes ouvriers, et que la Fédération des communes doit être administrée par des délégués des communes.

Où est donc la différence ?

Il n’y en a pas.

Et cependant, après avoir constaté cet accord sur la chose, nous allons nous trouver en présence d’un désaccord complet sur les mots.

En effet, le rapport bruxellois continue ainsi :

« Et cette Fédération régionale ou nationale des communes, que sera-t-elle au fond, sinon un État ? Oui, un État, puisqu’il faut l’appeler par son nom… Après tout, l’État, tel que nous le concevons et tel que nous le voulons, n’est pas précisément une autorité, un système gouvernemental. Nous pouvons très bien concevoir un État anti-autoritaire, nous allions dire un État an-archique…

« Ainsi donc : à la Commune les services publics simplement locaux, communaux, sous la direction de l’administration locale, nommée par les corps de métier de la localité et fonctionnant sous l’œil de tous les habitants. À l’État, les services publics plus étendus, régionaux et nationaux, sous la direction de l’administration régionale, nommée par la Fédération des communes et fonctionnant sous l’œil de la Chambre régionale du travail. »

De son côté, le socialiste an-archiste ou fédéraliste dira :

« Il m’est impossible d’appliquer à la Fédération des communes le nom d’État. Ce nom-là, je le réserve à cette organisation politique de la société, que la révolution économique aura détruite ; à cette organisation qui supposait la domination d’une classe, l’existence d’un gouvernement, à cette organisation qui reposait tout entière sur l’idée d’autorité. À notre organisation nouvelle, non-autoritaire, où le régime des contrats librement consentis a remplacé le régime de la loi imposée par une minorité ou votée par une majorité ; où le gouvernement a disparu, pour être remplacé par une administration ; où il n’existe plus entre les hommes de liens politiques, mais seulement des liens économiques, — à cette organisation nouvelle, dis-je, il faut un nom nouveau ; je repousse celui d’État, parce que l’emploi du même terme pour désigner deux choses aussi radicalement différentes que la société économique et la société politique, le régime des contrats et le régime de l’autorité, ferait naître dans les esprits la plus désastreuse confusion. »

Le rapport bruxellois répond en ces termes :