Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/453

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Dans son numéro suivant (3 septembre), le Bulletin revenait sur la question du rapprochement entre les socialistes, en rappelant, et en démontrant par des citations, que ce n’était pas là de notre part une idée nouvelle, et que, depuis 1869, nous n’avions pas cessé de prêcher l’union et la paix. Voici l’essentiel de l’article :


Le rapprochement tant désiré entre les socialistes des diverses nuances, et spécialement entre ceux de la fraction dite anarchiste et ceux dont l’idéal est l’État populaire (Volksstaat), paraît être en bonne voie de s’opérer. Nous saluons avec la joie la plus vive ce fait important, qui aura pour résultat d’accroître considérablement les forces du parti révolutionnaire, en dissipant bien des malentendus, et en fournissant, à des hommes qui ne se jugeaient mutuellement que sur des ouï-dire, l’occasion d’apprendre à se connaître et à s’estimer.

Ce rapprochement, nous l’avons désiré et demandé même dans les instants où la lutte entre les deux fractions de l’Internationale était dans sa période la plus aiguë. Il ne sera pas inutile de faire voir, par quelques citations des divers journaux qui ont successivement servi d’organe aux socialistes du Jura, que toujours nous avons recherché l’union et la paix, et que la conciliation qui s’accomplit aujourd’hui n’est que la réalisation du vœu que nous n’avons cessé d’émettre pendant huit années.

À la fin de 1869, un groupe de socialistes zuricois venait de fonder la Tagwacht, qui entrait en lice avec un programme d’action très différent du nôtre sur bien des points. Le Progrès du Locle s’empressa (25 décembre 1869) de souhaiter la bienvenue au nouveau journal, et, après en avoir reproduit le programme et avoir constaté que la tactique qui y était tracée s’éloignait considérablement de celle adoptée par nous, il concluait en ces termes : « ...[1] »

Ainsi, de qui est partie la première proposition de grouper en un seul faisceau les forces du socialisme en Suisse, sans se laisser arrêter par des différences de détail ? Des Jurassiens.

L’année suivante, la Solidarité revenait sur cette même question, à propos d’un article de la Tagwacht où il était dit : « Ne serait-ce pas une belle tâche pour les internationaux des Montagnes jurassiennes de devenir le trait d’union entre les corps de métier de langue allemande et ceux de langue française ? » La Solidarité répondait : « Il y a cinq mois, le Progrès avait proposé une réunion de délégués de la Suisse romande et de la Suisse allemande, dans le but d’arriver à un rapprochement, à une union plus étroite. Cette proposition n’eut pas de suite. Nous pensons que le moment serait venu de songer sérieusement à une réunion de cette espèce, qui ne pourrait avoir que d’heureux résultats, puisque des deux côtés on est disposé à une action commune. » (Solidarité du 28 mai 1870.)

  1. Pour ménager la place, je ne reproduis pas la citation, d’autant plus qu’elle a déjà été imprimée au tome Ier, de la dernière ligne de la p. 253 à la ligne 22 de la p. 254. On y lit entre autres : « Les rédacteurs de la Tagwacht sont nos amis... Unis comme nous le sommes sur le terrain des principes fondamentaux, n’est-il pas regrettable qu’on n’ait pas songé à s’entendre pour une action commune ?... Ce qui n’a pas été fait peut se faire encore... Il appartiendrait au Comité fédéral romand de prendre l’initiative d’une réunion de délégués de toute la Suisse, qui amènerait sans doute des résultats heureux. »