Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/486

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« Sanchez [Viñas] se rallie à cette déclaration ; Portillo [Soriano] persiste dans son abstention. »

Il restait une question à l’ordre du jour, celle du « Pacte de solidarité à établir entre les différentes organisations socialistes ». De Paepe proposa que cette question fût renvoyée au Congrès universel à tenir en 1877, et demanda que, en attendant, le Congrès de Berne exprimât le vœu de voir un rapprochement plus grand s’opérer entre les diverses fractions du parti socialiste. Sa proposition fut votée à l’unanimité.

Pindy, secrétaire du Bureau fédéral, présenta ensuite les comptes de ce Bureau. Ils furent approuvés par le Congrès, et la répartition des frais fut faite séance tenante entre les Fédérations régionales.

Il y avait encore à désigner la Fédération qui devait remplir les fonctions de Bureau fédéral pendant l’année 1876-1877. La Fédération belge fut proposée. Mais ensuite, prenant en considération le fait que les socialistes de Belgique seront chargés de la convocation et de l’organisation du Congrès universel des socialistes, le Congrès décida, à l’unanimité, de confier de nouveau les fonctions de Bureau fédéral de rinternationale à la Fédération jurassienne.

Une commission, chargée de reviser ceux des procès-verbaux qui n’avaient pas encore été lus, et de répondre, au nom du Congrès, aux diverses lettres qui avaient été adressées à celui-ci, fut ensuite nommée. Elle fut composée de Cafiero, Brousse, Kahn, Guillaume et Malatesta.

Puis le huitième Congrès général de l’Association internationale des travailleurs fut déclaré clos, et la séance fut levée à midi et trois quarts.


Le dimanche après midi, les délégués, qui n’avaient pas eu un seul moment de répit depuis le jeudi matin, s’accordèrent quelques heures de farniente consacrées à la causerie ou à la promenade. Pour moi, je me rappelle que Soriano, qui voulait m’entretenir en particulier, m’entraîna au jardin du Petit-Rempart ; là, assis sur un banc, nous parlâmes longuement des affaires d’Espagne, et aussi de ses affaires personnelles. Il me parut très exalté, et je m’efforçai — sans y réussir, d’ailleurs — de le ramener à des idées un peu plus calmes.

Le dimanche soir, un banquet réunit, dans la salle où avait eu lieu le Congrès, les délégués et un certain nombre de socialistes et de membres de l’Internationale.

Ce fut De Paepe qui ouvrit la série des toasts, en rappelant la mémoire des socialistes morts pour la défense de la Commune de Paris, et particulièrement celle de Varlin, qui, après avoir participé, comme délégué, à plusieurs Congrès de l’Internationale, a scellé de son sang son inébranlable attachement à ses convictions.

Je portai la santé d’Andrea Costa, qui eût dû être au Congrès un des représentants de l’Italie, si la police de M. Nicotera ne l’eût replongé dans la prison d’où il venait à peine de sortir ; et à Costa j’associai tous ceux qui, en Italie, luttaient et souffraient pour la défense de nos principes.

Viñas buta la santé d’Alerini, l’un des combattants de la Commune de Marseille en 1870 et en 1871, l’un des représentants de l’Espagne au Congrès général de 1873, et qui depuis plus de deux ans était enfermé dans les prisons de Cadix avec d’autres martyrs de la cause socialiste ; il rappela en même temps le souvenir de ces nombreux travailleurs que la bourgeoisie espagnole avait déportés ou exilés, ou qu’elle tenait en captivité dans ses cachots, pour le seul crime d’avoir appartenu à l’Internationale,

Schwitzguébel — qui était venu passer le dimanche à Berne — but aux déportés de Nouvelle-Calédonie, et rappela que ce n’était pas d’une amnistie qu’il fallait attendre leur délivrance, mais seulement d’une révolution victorieuse.

Cafiero but aux socialistes allemands, qui fournissent aussi leur contingent de martyrs et paient aussi, dans les prisons de Bismarck, leur dette à la cause de la Révolution sociale.

Enfin De Paepe, reprenant la parole, but à la mémoire de Michel Bakounine, qui, après une vie consacrée tout entière à la cause de la Révolution, était