Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/516

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krélidzé, le prince Tsitsianof, les paysans Pierre Alexéief et Agapof, l’étudiant Alexandrof, et de nombreuses jeunes filles, Mlles Sophie Bardina, Lydia Figner, Olga et Véra Lioubatovitch, Barbe Alexandrova, Horjevskaïa, Toporkova, Helfmann, Toumanova. C’est dans ce procès que fut révélée pour la première fois cette coutume du « mariage fictif » qui, pendant un temps, fut fréquemment en usage chez les propagandistes russes : il y en avait eu deux, cette fois, conclus entre Mlle Toumanova et Gamkrélidzé, et entre Mlle Horjevskaïa et le prince Tsitsianof ; ils avaient pour but, le premier, de permettre à Mlle Toumanova de recevoir sa dot, pour la verser dans la caisse de la société, et l’autre de rassurer les parents de Mlle Horjevskaïa sur le sort de leur fille. Sur les cinquante accusés, cinq furent condamnés aux travaux forcés dans une forteresse ; dix (dont six femmes) aux travaux forcés dans les mines de Sibérie ; dix-neuf (dont cinq femmes) à l’exil perpétuel en Sibérie ; quatre (dont deux femmes) à l’emprisonnement ; neuf à des peines moins sévères. Trois furent acquittés.


Au Mexique, à la fin de 1876, le président Lerdo de Tejada avait été remplacé par Porfirio Diaz. Le journal le Socialista, dont quelques numéros nous parvinrent au commencement de 1877 après une longue interruption, nous apprit que l’édifice de l’ex-collège de San Gregorio, qui avait été concédé à la classe ouvrière de Mexico par le gouvernement antérieur, et où les ouvriers avaient installé un cercle et des écoles professionnelles, avait été occupé par les troupes à la suite de la guerre civile ; mais que la commission du cercle ouvrier ayant réclamé auprès de Porfirio Diaz, celui-ci avait consenti de très bonne grâce à faire évacuer l’édifice et à loger ses soldats ailleurs. « Voilà, disait le Bulletin (18 mars), tout ce que nous savons de la situation actuelle du socialisme au Mexique. Les malheureux Mexicains, sans cesse troublés dans leur travail et dans leur industrie par des révolutions militaires, ne semblent guère en état de pouvoir constituer chez eux un parti socialiste sérieux. »


Dans son premier numéro de 1877 (7 janvier), le Bulletin fit la déclaration suivante :


Le Bulletin de la Fédération jurassienne entre dans sa sixième année d’existence.

Il continuera à défendre les intérêts des travailleurs, en se plaçant, comme il l’a fait jusqu’ici, à un point de vue totalement opposé à celui des organes des différents partis politiques.

Les partis politiques prétendent que la population de notre pays se compose de citoyens égaux, qui se divisent en partis tels que radicaux, libéraux, conservateurs, ultramontains.

Nous disons, nous, que la population, chez nous comme partout, se divise en deux classes ennemies, la classe bourgeoise et la classe ouvrière ; nous disons que la première de ces classes vit en exploitant la seconde; que dans la société actuelle, il n’y a de vraie liberté que pour les bourgeois, et que les institutions politiques qui sont censées garantir la liberté et les droits de tous les citoyens sans exception ne sont qu’une hypocrisie. Nous ne prenons pas parti pour les radicaux contre les conservateurs, ou pour les ultramontains contre les libéraux ; nous nous moquons des partis politiques, dans lesquels nous ne voyons que des coteries bourgeoises, rivales les unes des autres, qui se disputent le pouvoir dans des buts intéressés, et qui sont toutes également ennemies du peuple travailleur. Nous prenons parti pour les ouvriers contre tous les partis politiques, quelle que soit leur couleur, parce que ceux-ci ne forment à nos yeux qu’une seule masse bourgeoise et réactionnaire.