Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/552

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


En outre, un correspondant du Radical lui écrit de Montpellier en date du 19 mars :

« Hier ont eu lieu dans notre ville un certain nombre de banquets, qui se sont tous terminés aux cris de : Vive l’amnistie !

« La plupart des convives portaient l’immortelle rouge à la boutonnière.

« Mêmes manifestations à Cette et à Béziers. Les baraquettes où se sont réunis les républicains socialistes de la première de ces communes étaient pavoisées. »

Nous savons, par nos renseignements particuliers, que dans un très grand nombre d’autres localités ont eu lieu des réunions privées pour commémorer le 18 mars.


La manifestation de Berne trouva un écho dans plusieurs parties de la France, comme l’avait écrit Brousse à Kropotkine. Dans le Bulletin du 20 mai, on lit ceci : « Deux Sections françaises de l’Internationale (E, 1, et J, 1) viennent d’adresser à la Fédération jurassienne des lettres de félicitation au sujet de son attitude dans l’affaire du drapeau rouge à Berne ».




XII


Des derniers jours de mars au milieu de juillet 1877.


Pour les choses que j’ai à raconter dans ce chapitre, il me faudra renoncer à parler des divers pays séparément et successivement. Les faits s’enchevêtrent, et la répercussion s’en fait sentir aussitôt d’un pays à l’autre : je les relaterai dans l’ordre où ils se présentent, avec leurs contre-coups internationaux.

On a vu (pages 121-122) qu’une tentative faite en décembre 1876, dans une conférence tenue à Bruxelles, pour constituer, en dehors de l’Internationale, une Union ouvrière belge, n’avait pas donné de résultats, à cause de l’intransigeance des Flamands. Mais la tentative fut reprise aux printemps de 1877 : un Congrès ouvrier fut convoqué à Gand pour le 1er avril, et les délégués des associations wallonnes s’y rendirent aussi bien que ceux des associations flamandes. La tactique des Flamands, qui voulaient absolument faire de la politique parlementaire, ne plaisait pas aux Wallons ; mais ceux-ci estimaient qu’il fallait faire les plus grands efforts pour conserver, en Belgique, l’unité du mouvement ouvrier : aussi se montraient -ils pleins de tolérance, ne demandant aux Flamands qu’une chose, de ne pas leur imposer une ligne de conduite qui leur était antipathique, et se déclarant prêts à reconnaître le droit des Flamands à choisir leur méthode de lutte. Un délégué de Verviers, Fluse, avec lequel nous étions en correspondance régulière[1], nous renseigna sur les délibérations de ce Congrès, et c’est de sa lettre que sont extraits les détails donnés par le compte-rendu suivant, que publia le Bulletin :


La plus importante des questions dont le Congrès eut à s’occuper était celle de la participation au mouvement politique. Tous les délégués fla-

  1. Le 2 avril j’écrivais à Kropotkine : « Nous allons voir ce qui va sortir de ce Congrès de Gand, auquel Fluse est allé comme délégué. Il m’a écrit qu’il soutiendra énergiquement nos principes, et m’a demandé un nouvel envoi de 50 exemplaires de ma brochure (Idées sur l’organisation sociale). — Une chose très essentielle serait que Verviers fût choisi pour siège du Congrès général de l’Internationale, ainsi que du Congrès universel des organisations socialistes. J’ai déjà écrit à Fluse à ce sujet ; je vous prie, dans votre correspondance avec lui, d’insister sur ce point. »