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« Il séjourna longtemps en Suisse, où il donna toujours et généreusement l’hospitalité, dans une maison qu’il avait achetée, aux principaux internationalistes du monde entier, — et aux escrocs qui vivaient à ses dépens[1].

« Il fut en relations avec Marx, avec Jacoby, avec Bakounine et les hommes les plus connus de son école, particulièrement avec des socialistes russes.

« Il a un peu plus de trente ans : il est très distingué de manières, poli, doux, humain et généreux ; il parle bien l’anglais, le français et le russe[2] ; il professe des opinions si audacieuses, qu’elles ne pourraient être appliquées sans bouleverser les fondements de la société moderne. D’un caractère très résolu, c’est un homme de profondes convictions. »

Le correspondant italien des États-Unis d’Europe, journal paraissant à Genève, parle en ces termes des insurgés et de celui qui paraît avoir été à leur tête :

« La bande se composait, non de brigands, comme certains journaux prétendaient le faire croire, mais d’ouvriers et d’étudiants, tous conscients de ce qu’ils faisaient, mais illusionnés sur le résultat pratique de cette levée de boucliers.

« Ce mouvement paraît avoir été guidé par le citoyen Charles Cafiero, bien connu par ses opinions ultra-révolutionnaires, mais d’une honorabilité sans tache. M. Cafiero a sacrifié toute sa vie et une grande fortune à la cause du socialisme intransigeant[3]. Ami intime de Bakounine, dont il avait embrassé les doctrines, Cafiero a cru de son devoir de prendre l’initiative de l’action, quoiqu’il ne pût se faire illusion sur l’issue d’une pareille tentative. On peut ne point partager ses opinions, mais on doit respecter ceux qui paient de leur personne pour les soutenir, surtout lorsqu’ils sont vaincus et dans l’impossibilité de repousser les attaques et les calomnies dont une certaine presse se plaît à les accabler. »

Apprenez, Messieurs du Povero, du Vorwärts et du Radical, apprenez, en lisant le langage que nos ennemis tiennent en parlant de leurs ennemis, à rougir de vos procédés de polémique, et constatez que votre loyauté et votre délicatesse n’atteignent pas à celles d’un correspondant de la presse bourgeoise.

Il y avait encore, dans ce numéro du Bulletin, une nouvelle lettre de Costa, du 21 avril, que voici :

« Les socialistes qui composaient la bande insurgée sont détenus dans les prisons de Santa Maria Capua Vetere[4]. On croit que leur procès aura lieu très prochainement, le ministère voulant profiter de la panique que l’apparition de

  1. Ce sont ces escrocs et leurs compères qui injurient maintenant, dans les journaux, Cafiero emprisonné comme insurgé. (Note du Bulletin.) — Cette note visait Nabruzzi, Zanardelli et leurs amis.
  2. Cafiero parlait et écrivait très bien le français, et passablement l’anglais ; quant à la langue russe, il en avait acquis quelques notions élémentaires.
  3. Le correspondant aurait dû dire révolutionnaire, le mot intransigeant n’ayant jamais été employé par les socialistes. (Note du Bulletin.)
  4. Outre les vingt-six insurgés arrêtés le 11 avril, on avait également emprisonné le desservant de Letino, l’abbé Fortini, le curé de Gallo, l’abbé Tamburri, et un paysan, Bertollo, de Letino, qui avait servi de guide à la bande. Les huit socialistes arrêtés précédemment à Solopaca et à Pontelandolfo étaient détenus dans la prison de Bénévent.