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de la publication du premier numéro de notre journal Helliniki Dimokratia (Ἐλληνικἢ Δημοϰϱατία), duquel vous recevrez un exemplaire.

Salut et solidarité.                   Constantin A. Grimani.


En publiant cette lettre, le Bulletin ajouta :

« Nous avons reçu effectivement le premier numéro de l’Helliniki Dimokrati (la Démocratie hellène). Ce numéro contient le programme de l’Union démocratique du peuple, que nous avons déjà reproduit (p. 192) ; une adresse de l’Union démocratique au peuple grec, au sujet de la question d’Orient ; quelques nouvelles locales ; un article sur la Commune de Paris ; et le compte-rendu, d’après les nouvelles données par le Bulletin, de la tentative insurrectionnelle de Cafiero et de ses amis.

« Le gouvernement grec a vu dans cette publication un péril pour l’ordre social, et a emprisonné les rédacteurs de la Démocratie hellène. À merveille : il les jette, qu’ils l’aient désiré ou non, dans la voie révolutionnaire. Nous envoyons, pour notre part, l’expression de notre plus chaleureuse sympathie aux hommes courageux qui les premiers, au sein du peuple hellène, ont levé le drapeau du socialisme moderne. »


Je reviens au Jura.

Le Bulletin du 20 mai publia l’avis suivant : « Fédération du district de Courtelary. Séance d’études et de discussion, mercredi 23 courant. Ordre du jour : La fusion des deux fédérations. » Cette fusion, déjà votée en principe à la fin de 1876 par l’assemblée générale, de l’ancienne fédération, qui s’était prononcée pour l’adhésion à l’Internationale (voir p. 80), allait devenir une réalité ; elle s’accomplit, comme on le verra, le 30 juin 1877.

Le 27 mai, la Section française de propagande de Genève adressait au Comité fédéral jurassien une lettre où on lisait : « En présence des attaques multiples dont la Fédération jurassienne est l’objet, persuadée en outre que l’isolement est toujours mauvais, la Section de propagande de Genève a décidé, dans sa séance du 14 mai, de vous demander son admission dans la Fédération jurassienne. Nous venons vous communiquer cette décision, en vous annonçant en même temps que la Section s’est reconstituée à nouveau. Vous connaissez du reste ses principes : elle est anarchiste révolutionnaire depuis sa fondation. — La Commission de correspondance : Jules Montels, A. Getti, Rouchy, Charles Van Woutherghem. »

Un correspondant de Genève (c’était Montels) nous écrivit que la conférence de Brousse, du 26 mai, sur l’État et l’anarchie, avait eu un grand succès : « La soirée a été magnifique ; la salle était comble. Il y a un réveil marqué parmi les ouvriers du bâtiment, qui, dans les belles années 1867-1869, formaient l’élément révolutionnaire dans l’Internationale genevoise. Cent numéros du Bulletin, qui avaient été envoyés pour être vendus dans l’auditoire, ont été enlevés, et on en aurait vendu bien davantage s’il y en avait eu. La tombola qui a suivi la conférence a été très fructueuse. Elle nous permettra de faire venir le samedi 9 juin le compagnon Costa, pour nous donner une conférence en français sur ce sujet : la Propagande par le Fait[1]. Nous profiterons de la circonstance pour réunir le lendemain tous les ouvriers italiens qui travaillent dans les ateliers et chantiers de notre ville, et nous espérons pouvoir vous annoncer sous peu que Genève possède sa Section de langue italienne. »

L’Arbeiter-Zeitung, à Berne, continuait sa propagande ; les lettres de Brousse à Kropotkine montrent que ce dernier en était devenu un collaborateur actif. Les articles rédigés en français étaient traduits en allemand par Émile Werner ; et, lorsque le journal manquait d’argent, c’était la dévouée Mlle  Landsberg qui en fournissait ; elle avait recours, pour ces opérations financières, à Charles Beslay, qui l’aidait à négocier des billets (c’est de lui que je le tiens), et qui,

  1. C’est la première fois que cette expression, toute nouvelle, apparaît dans un journal.