Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/655

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sont délégués par des groupes de métier à s’entendre pour la convocation de ce congrès.


Quelques délégués demandèrent s’il serait possible de publier un compte-rendu officiel et in-extenso des discussions du Congrès. Après en avoir reconnu l’impossibilité, le Congrès vota à l’unanimité la résolution suivante :


Le Congrès décide qu’il ne sera pas publié de compte-rendu officiel de ses séances, mais il charge ses secrétaires de communiquer à toutes les associations qui se sont fait représenter le texte authentique de toutes les résolutions qui y ont été mises aux voix et l’indication du nombre de voix qu’elles ont obtenues.


Il restait à discuter la sixième et dernière question : De la valeur et de la portée sociale des colonies communistes, etc. Le temps ne permettait plus de traiter cette question à fond, la discussion se borna à un simple échange d’idées entre quelques délégués.

La séance fut levée à midi, et la clôture du Congrès prononcée.


« Après le Congrès de Gand, un certain nombre de délégués de l’Internationale ont repassé par Verviers, et ont eu le plaisir d’y assister, le samedi soir 15 septembre, à une réunion publique fort nombreuse. Les délégués prirent successivement la parole, pour raconter ce qui s’était passé au Congrès ; et ils purent constater que la population ouvrière de Verviers est énergiquement résolue à continuer à marcher sous le drapeau de l’Internationale, et à faire tous ses efforts pour propager parmi les travailleurs de la Belgique les principes du socialisme révolutionnaire, en opposition à la tactique préconisée par les socialistes des provinces flamandes. »

Je quittai Verviers le dimanche matin ; et —après m’être arrêté à Cologne pour visiter la cathédrale, que je ne connaissais pas encore, et où m’attirait le souvenir de quelques strophes du Wintermärchen de Heine — j’arrivai à Neuchâtel le lundi soir 17. Ma semaine fut consacrée à rédiger et à faire paraître un numéro du Bulletin (dix pages), qui donna le compte-rendu des deux Congrès.

Nous avions reçu à Gand, avant de partir, la nouvelle que Kropotkine était heureusement arrivé à Londres. Costa n’était pas revenu en Suisse avec moi, il avait pris le chemin de Paris. Rinke et Werner avaient regagné l’Allemagne. Montels s’était dirigé du côté de la Russie, où il allait devenir précepteur. De sept délégués, tous membres de la Fédération jurassienne, qui étaient allés représenter, à Verviers et à Gand, la France, l’Italie, l’Allemagne, la Russie et le Jura, seuls Brousse et moi reprenions notre poste de combat dans les rangs des socialistes jurassiens : pour les cinq autres, un chapitre de leur existence venait de se fermer[1].

Marx fut renseigné sur le Congrès de Gand par son agent Maltman Barry, qui était un « reporter » peu sûr, comme on va le voir. Le 27 septembre 1877 Marx écrivait à Sorge :


Quoi que le Congrès de Gand ait pu laisser à désirer sur d’autres points, il a eu au moins cela de bon, que Guillaume et Cie ont été totalement abandonnés par leurs anciens alliés. C’est à grand peine qu’on a pu retenir les ouvriers flamands, qui voulaient rosser Guillaume[2]. Le filandreux bavard

  1. Cependant Rinke revint pour quelque temps à Berne durant l’hiver 1877-1878.
  2. Der Genter Kongress, so riel er sonst zu wünschen übrig lässt, hatte wenigstens das Gude, dass Guillaume et Ko. total von ihren alten Bundesgenossen verlossen wurden. Mit mühe wurden die flâmischen Arbeiter abgehalten, den grossen Guillaume durchzuprügeln. » Je n’ai pas besoin de dire que l’attitude prêtée aux ouvriers flamands n’a existé que dans le reportage mensonger de Maltman Barry, ou dans les désirs malveillants de Marx. La population ouvrière de Gand nous témoigna constamment, à tous, la plus grande cordialité ; on a vu combien les travailleurs gantois se montrèrent empressés et serviables lorsque nous fîmes appel au concours de quelques-uns d’entre eux pour garantir la sécurité de Kropotkine.