Page:James Guillaume - L'Internationale, III et IV.djvu/658

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32° Ardinghi, Leopoldo, 31 ans, tailleur, de Sesto Fiorentino ;

33° Innocenti, Massimo, 27 ans, chapelier, de Florence ;

34° Gagliardi, Pietro, 20 ans, cordonnier, d’Imola ;

35° Matteucci, Florido, 19 ans, étudiant, de Città di Castello ;

36° Ceccarelli, Dionisio, 54 ans (profession non indiquée), de Cesena ;

37° Fruggieri, Silvio, 37 ans, sans profession, de Ferrare.


Nous apprîmes, au commencement de novembre, qu’un ajournement du procès venait d’être décidé : « Il devait avoir lieu en novembre, il ne se fera qu’en février prochain : comme cela nos amis auront trois mois de plus de prison préventive à endurer. Le gouvernement espère arriver ainsi à dompter leur courage, à les démoraliser, à diminuer la fierté de leur attitude; mais, quels que soient les moyens qu’il emploie, il n’y réussira pas. » (Bulletin du 11 novembre.) Ceux des accusés qui étaient détenus à la prison de Bénévent furent transférés, en novembre, à celle de Caserte.


En France, le mois de septembre et la première quinzaine d’octobre furent remplis par l’agitation électorale qui précéda le 14 octobre, jour fixé pour l’élection de la nouvelle Chambre. Les Trois cent soixante-trois se représentaient en bloc, la réaction faisait les derniers efforts pour conserver le pouvoir ; Gambetta avait prononcé, à l’adresse de Mac-Mahon, en juin, son mot fameux : « Se soumettre ou se démettre », et avait été condamné de ce chef à trois mois de prison, — qu’il ne fit pas ; Mac-Mahon avait répondu : « J’y suis, j’y reste ». On s’attendait à des événements graves, peut-être à un mouvement révolutionnaire. La Fédération française de l’Internationale publia un manifeste qui, affiché clandestinement dans les principales villes, fit une sensation considérable ; les journaux cléricaux et bonapartistes le reproduisirent en l’accompagnant de commentaires destinés à terrifier les électeurs et à leur prouver que le seul moyen d’échapper au pétrole des communards était de voter pour les candidats de Mac-Mahon ; le Gaulois, entre autres, imprima le manifeste à sa première page, en gros caractères, en y ajoutant le fac-similé du timbre officiel de la Fédération française. Ce manifeste, rédigé par Brousse, disait :


À quoi vous servirait, ouvriers, d’abattre le gouvernement des curés et des ducs, si vous installiez à sa place le gouvernement des avocats et des bourgeois ? Songez que parmi ceux que vous porteriez au pouvoir, il est des hommes que vos pères y ont placés en février 1848 ; et ces hommes ont fait fusiller vos pères en juin ! N’oubliez pas que parmi ces hommes que vous installeriez au gouvernement, il en est que vos frères y ont envoyés en 1870 ; et ces hommes ont fait ou laissé massacrer vos frères en mai 1871 !... Non, si les barricades dressent leurs pavés sur les places publiques, si elles sont victorieuses, il ne faut pas qu’il en sorte des gouvernants, mais un principe ; pas d’hommes, mais la Commune !


Mais il y avait, à Paris, des gens qui cherchaient à séduire le prolétariat par des promesses de réformes démocratiques ; et le Bulletin signala leur manœuvre en ces termes :

« Pendant qu’il suffisait à l’Internationale d’adresser quelques paroles aux ouvriers français pour mettre en émoi toute la presse, un groupe d’inconnus, qui paraît se composer de quelques ouvriers peu au fait des questions sociales et qui acceptent de confiance la direction d’un ou de plusieurs Tolains en herbe, élaborait à Paris une œuvre qui a vu le jour sous le titre de Manifeste-programme de la démocratie républicaine socialiste de la Seine. Le programme de ces prétendus socialistes se résume dans les points suivants : Amnistie, suppression du budget des cultes, enseignement laïque, système de milices nationales, impôt progressif, suppression du sénat et de la présidence. Nous cherchons