Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/187

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tenant, nous deviendrons définitivement les maîtres du champ de bataille. Ayons donc du cœur, ayons de la volonté et de l’esprit, et ne reculons pas d’un seul pas. Au contraire, attaquons ceux qui nous veulent attaquer. J’attends votre réponse collective.


Le comité du Progrès n’inventa aucun moyen extraordinaire pour accroître les ressources du journal. Il se contenta de multiplier ses efforts pour gagner de nouveaux abonnés dans le milieu ouvrier jurassien ; et peu à peu ces efforts furent couronnés de succès. Le Progrès ne devait pas mourir, mais prospérer : en effet, quatre mois plus tard, à la fin de novembre 1869 (voir p. 243), il put annoncer à ses lecteurs que désormais il paraîtrait non plus tous les quinze jours, mais toutes les semaines.

Quant à la guerre contre le coullerysme, elle fut courte et décisive. Le 9 juillet, un groupe de membres de la Section du Locle répondait aux attaques dirigées contre moi par Coullery en lui envoyant la lettre suivante (publiée dans le n° 15 du Progrès, 24 juillet) :


« Nous ne prendrons pas la peine de relever, l’une après l’autre, toutes vos calomnies. Vous savez que vous mentez, nous le savons aussi, cela suffit. Nous tenons seulement à vous dire que notre ami James Guillaume, contre qui vous vous acharnez particulièrement, n’a jamais agi pour son propre compte. C’est en vain que vous cherchez à le séparer de nous pour l’accabler isolément. Nous sommes solidaires de chacun de ses actes… Recevez l’assurance de notre profond mépris. » (Suivent trente-huit signatures.)


Le 11 juillet, l’Égalité, en sa qualité d’organe fédéral des Sections internationales de la Suisse romande, publiait la déclaration que voici :


Tous nos lecteurs connaissent le mouvement qui s’est accompli dans le canton de Neuchâtel ; chacun sait que les conservateurs de ce canton ont fait une alliance avec des socialistes qui n’en sont pas, et ont constitué un parti politique assez semblable à celui qui a fleuri à Genève il y a quelques années. La Montagne est l’organe de ce parti, avec lequel le mouvement ouvrier n’a rien de commun.

Dans le meeting tenu au Crêt-de-Locle le 30 mai, cet organe a été unanimement désavoué avec beaucoup de raison…

Ouvriers de la Chaux-de-Fonds, prenez garde à vous, la Montagne est un organe de la réaction bourgeoise, et son titre d’organe de la démocratie sociale n’est qu’un masque pour vous tromper.


Le Progrès, prenant acte de ce désaveu émané de l’organe de la Fédération, se borna à le reproduire dans son numéro du 24 juillet en le faisant suivre de ces deux lignes :


En suite de cette déclaration de l’Égalité, nous cesserons toute polémique avec la Montagne.


En juin et juillet, j’avais encore écrit pour l’Égalité, à la demande de Perron, deux articles sur le droit d’héritage. Le 18 juin, Perron m’avait communiqué la lettre d’un correspondant français qui signait A. T., et qui présentait quelques objections à un article de Mme  Virginie Barbet, de Lyon, publié dans le numéro du 12 juin ; il me demandait de répondre à ce correspondant, ce que je fis. La lettre de A. T. et ma réponse parurent dans l’Égalité du 26 juin (no 23). Le correspondant étant revenu à la charge, je lui fis une seconde réponse, que publia l’Égalité du 10 juillet (no 25). Je ne mentionne ces deux articles[1] que pour montrer comment mes amis de

  1. Nettlau les a attribués par erreur à Bakounine (Biographie de Bakounine, p. 299).