Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/209

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Tous les délégués de la Suisse, tant allemande que française, ont voté oui, à l'exception de deux abstentions dont nous allons parler. Genève avait envoyé cinq délégués : trois d'entre eux, Brosset, Heng et Bakounine (qui était délégué de Genève, quoi qu'en aient dit des malveillants qui prétendent mieux connaître nos affaires que nous-mêmes[1]), ont voté oui ; un quatrième, Grosselin, s'est abstenu, mais il a déclaré à Murat de Paris, en notre présence, qu'il était venu à Bâle individualiste et qu'il s'en retournait collectiviste ; enfin le dernier, Henri Perret, délégué spécialement par la fabrique genevoise avec le mandat de voter non, n'a pas osé le faire, et s'est contenté de s'abstenir[2].

Un dernier point. Que les bourgeois ne se glorifient pas trop des quatre non parisiens[3], et qu'ils ne s'imaginent pas que ces non-là

  1. J'ai laissé subsister ici la rédaction de l'original, bien qu'elle renferme une erreur (Bakounine n'était pas délégué de Genève) ; il m'a paru préférable de remettre la phrase telle quelle sous les yeux des lecteurs, et d'expliquer en note l'origine de l'erreur. C'est dans l’Égalité du 11 septembre que je l'avais prise ; j'y avais lu cet entrefilet (rédigé par Perron) :
    « Le Journal de Genève de jeudi, dans une note au sujet du Congrès de Bâle, dit que Bakounine, « n'ayant pu se faire élire à Genève, a trouvé moyen d'obtenir un mandat d'ouvriers italiens ». C'est la première inexactitude, dirons-nous, pour ne pas être plus précis, que publie le Journal, sur le Congrès de Bâle. Bakounine a été délégué par la Section genevoise de l'Internationale l'Alliance de la démocratie socialiste ; dans l'élection pour une délégation commune aux Sections qui font partie de la Fédération genevoise, Bakounine venait par le nombre des suffrages immédiatement après les trois internationaux élus, et il est certain qu'il aurait passé des premiers si l'on n'avait pas su que sa présence à Bâle était assurée comme délégué de l'Alliance, comme délégué d'une Société ouvrière d'Italie, et enfin comme délégué des ouvrières ovalistes de Lyon. »
    L'auteur de l'entrefilet n'avait évidemment pas assisté à la séance de la Section de l'Alliance du 29 août, dans laquelle Sentiñon avait été choisi comme délégué, et il s'était figuré, comme une chose toute naturelle, que c'était à Bakounine que la délégation de l'Alliance avait dû être confiée.
    L'erreur fut corrigée dans le numéro du 25 septembre, mais d'une façon indirecte, et qui ne dissipait pas le doute sur le point de savoir si Bakounine avait été délégué par la Section de l'Alliance (Robin, qui venait d'être chargé de la rédaction du journal, estima sans doute que ce point n'offrait pas d'intérêt) : l’Égalité, en reproduisant in-extenso mon article du Progrès sur le Congrès de Bâle, y laissa subsister la phrase « Genève avait envoyé cinq délégués, etc. » ; seulement la rédaction substitua le nom de Becker à celui de Bakounine. C'était remplacer une erreur par une autre : J.-Ph. Becker habitait Genève, sans doute ; mais il avait été délégué par le « Comité central du groupe des Sections de langue allemande », et dans le Compte-rendu officiel du Congrès il figure parmi les délégués d’Allemagne.
  2. Même observation que pour le passage commenté dans la note précédente. J'avais commis une erreur : Henri Perret n'avait pas reçu le mandat de voter non, mais celui de s'abstenir. Cette erreur fut rectifiée par l’Égalité du 25 septembre, et la rectification fut reproduite par le Progrès dans son numéro suivant, du 2 octobre.
  3. Les quatre non étaient les voix de Tolain, Pindy, Chemalé et Fruneau, Pindy représentait la Chambre syndicale des menuisiers de Paris, Chemalé les adhérents parisiens de l'Internationale, et Fruneau l'association la Liberté des charpentiers de Paris ; mais Tolain n'était pas délégué de Paris : il était venu au Congrès, comme il a été dit plus haut, avec un mandat de l'Association des boulangers de Marseille, association d'opinion collectiviste. Sur les onze autres délégués de Paris (il y en avait quatorze en tout), cinq avaient voté oui : Varlin, Flahaut, Franquin, Dereure, Tartaret, et six s'étaient abstenus : Landrin, Durand, Roussel, Murat, Mollin et Langlois.