Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/340

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Tel est l’incident profondément regrettable qui, dès le début, a failli empêcher les délibérations du Congrès romand. Les membres de l’Internationale jugeront comme il appartient la conduite de la majorité et de la minorité.

Voici les noms des vingt et un délégués qui ont voté pour l’admission de l’Alliance de la démocratie socialiste : (Suivent les vingt et un noms[1]).

Quant aux dix-huit délégués qui formaient la minorité[2], nous ne pouvons en donner la liste complète, attendu que la feuille d’appel et la plupart des papiers appartenant au Congrès sont restés entre les mains des membres du Cercle, qui ont refusé de les restituer. Nous dirons seulement que cette minorité était formée de tous les délégués de Genève, sauf un représentant des ouvriers en bâtiment[3], et des délégués de trois Sections de la Chaux-de-Fonds.

Le Congrès reprit ses séances dans une salle du café Vonkænel [rue du Stand], qui fut mise obligeamment à sa disposition. Il élut comme président, pour remplacer Dupleix, Treyvaud, de Neuchâtel ; il admit dans la Fédération romande la Section de propagande de la Chaux-de-Fonds, et accorda à ses délégués, Fritz Heng et Chevalley, voix délibérative, ainsi qu’au délégué de l’Alliance, Joukovsky. Le nombre des délégués continuant à siéger se trouva ainsi porté à vingt-quatre.

Fendant ce temps, la minorité démissionnaire, restée au Cercle, se reconstituait, formait un bureau, et se mettait de son côté à siéger, en se déclarant de sa propre autorité le seul et véritable Congrès romand. Elle s’accrut bientôt par l’arrivée de trois ou quatre délégués de la Chaux-de-Fonds, entr’autres de M. Coullery, délégué par la Section centrale de la Chaux-de-Fonds[4].

    dans l’enceinte du Congrès, aux cris de : À la porte les collectivistes ! Voyant que le Congrès allait dégénérer en une scène de pugilat, et ne voulant pas se colleter avec ces excellents internationaux qui expulsaient du lieu de ses séances un Congrès international, les délégués de la majorité se levèrent silencieusement et se retirèrent.

    « Ainsi finit le dernier Congrès de l’ancienne Fédération romande. »

  1. Ce sont les noms qui figurent ci-dessus dans la liste intitulée Autres localités, avec un nom en moins, celui du monteur de boîtes Baumann, et un nom en plus, celui d’Alfred Jeanrenaud, l’un des délégués des graveurs et guillocheurs du district de Courlelary (l’autre délégué, Schwitzguébel, se trouve déjà dans la liste comme délégué de Granges).
  2. Ce sont douze des treize délégués de Genève (Dupleix, comme président, n’avait pas voté), cinq des six délégués de la Chaux-de Fonds (Coullery était absent), et Baumann, également de la Chaux-de-Fonds, l’un des délégués des monteurs de boîtes du Vignoble neuchâtelois, qui avait voté contre le contenu exprès de son mandat.
  3. Imparfaitement renseignés à ce moment, nous ne connaissions pas les noms de tous les délégués de Genève ni leur nombre exact, et le bruit courait qu’il y en avait eu un parmi eux qui s’était abstenu. C’était une erreur.
  4. La minorité étant désireuse d’augmenter le chiffre de ses membres et de se transformer en majorité, les coullerystes firent immédiatement une démarche auprès de trois sociétés ouvrières de la Chaux-de-Fonds, où ils avaient des amis, pour obtenir leur adhésion à l’Internationale. Ces sociétés — celles des guillocheurs, des faiseurs de secrets en argent, des charpentiers et menuisiers — s’étaient tenues à l’écart de l’Internationale parce que les doctrines révolutionnaires des collectivistes les effrayaient : mais dès qu’elles eurent compris qu’il s’agissait, cette fois, de manifester contre les collectivistes et de soutenir Coullery, elles s’empressèrent d’adhérer et