Page:James Guillaume - L'Internationale, I et II.djvu/465

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les 80 premières pages de son travail[1], greffa sur ce début une suite toute différente de la première.

Cependant j’étais rentré, moi aussi, en correspondance avec Bakounine, en janvier, je crois. Ce long silence, de ma part, venait simplement de ce que j’avais ignoré, jusqu’alors, où il se trouvait ; dès que j’eus appris, par Joukovsky ou par Ozerof, qu’il était de retour à Locarno, et qu’il s’occupait à y préparer un livre, je lui écrivis. De sa part à lui, il y avait eu, j’imagine, un autre motif : il était un peu confus de l’insuccès de sa campagne révolutionnaire de France, — quoique le résultat négatif ne pût lui en être imputé, — et il se tenait silencieux dans sa retraite, ne sachant trop ce que ses amis du Jura avaient dû penser de son aventure. Nous avions du moins le sentiment que telle pouvait être la raison de son mutisme : aussi ma lettre fut-elle particulièrement affectueuse, et il me répondit aussitôt, en me témoignant toute la satisfaction qu’il éprouvait à renouer avec nous.

Je lui offris mes services pour surveiller l’impression de son nouvel ouvrage. Comme le livre, dont le titre devait être La Révolution sociale ou la dictature militaire, s’imprimait à Genève, il me demanda, non de lire les épreuves, mais de revoir son manuscrit avant la composition typographique. Il m’envoya donc, à partir du 9 février, les feuillets nouveaux, au delà de la page 80, qu’il venait d’écrire (les 80 premiers feuillets se trouvaient déjà à Genève) ; et les notes quotidiennes de son calendrier-journal[2] donnent l’indication de ces envois :


Février 9. — Brochure : envoyé à Guillaume pages 81-109, en tout 29 pages. — 11. Brochure : envoyé à Guillaume pages 110-121, en tout 12 pages. — 12. Bonne lettre de Guillaume. — 14. Lettre à Guillaume. — 16. Brochure : envoyé à Guillaume pages 122-138. — 19. Pages 139-148 envoyées à Guillaume. — 23. Lettre à Guillaume. — 25. Brochure : envoyé à Guillaume 21 pages, de 149 à 169. — Mars 1er. Brochure : envoyé à Guillaume, lettre et pages 170-199. — 9. Envoyé à Guillaume brochure pages 200-246. — 11. Envoyé lettre à Guillaume. — 12. Reçu faire-part de la mort de Palix[3]. — 16. Envoyé à Guillaume 26 pages (247-272). — 18. Pars demain pour Florence. Envoyé 13 pages (273-285).


Au verso du feuillet 109 du manuscrit (envoi du 9 février), Bakounine a écrit : « Demain enverrai autant, avec lettre ». — Au verso du feuillet 121 (envoi du 11 février) : « 12 pages, 110-121. Lettre demain. » — Au verso du feuillet 138 (envoi du 16 février): « 1re livraison. 1-138 pages[4] ». — Il n’y a rien d’écrit au verso des feuillets de l’envoi du 19 février, pages 139-148. — Au verso du feuillet 169 (envoi du 25 février), il a écrit : « Pages 149-169 inclusivement. Je te prie, cher ami, envoie tout le manuscrit corrigé à Ozerof qui le demande à grands cris. En tout, avec ceci, je t’ai envoyé 89 pages (81-169). » — Au verso du feuillet 199 (envoi du 1er mars) : « Pages

  1. Les pages 81-256 du manuscrit de décembre 1870-janvier 1871 sont restées inédites.
  2. Bakounine avait l’habitude de noter chaque jour, sur un petit calendrier, les lettres qu’il écrivait et recevait, les articles ou écrits divers qu’il rédigeait, ses dépenses et recettes, les menus faits de sa vie quotidienne. Les calendriers des années 1871 et 1872 ont été conservés ; et Max Nettlau a eu l’obligeance de me communiquer la copie qu’il en a faite.
  3. Palix était mort à Lyon dans les premiers jours de février, des suites de la maladie de poitrine qui le minait depuis plusieurs années.
  4. Ces mots là doivent avoir été écrits par Bakounine plus tard, au moment où, en mai 1871, il me reprit la fin du manuscrit (feuillets 139-285), me laissant les 138 premiers feuillets, qui contenaient le texte de la première livraison, déjà imprimée, de L’Empire knouto-germanique.