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XVII. — Différend entre les deux Fédérations de la Suisse romande[1]


Quant à ce différend :

1. — La Conférence doit, de prime abord, considérer les fins de non-recevoir mises en avant par le Comité fédéral des Sections des Montagnes qui n'appartiennent pas à la Fédération romande[2] (voir la lettre du 4 septembre adressée à la Conférence par le Comité fédéral de ces Sections).

Première fin de non-recevoir :

« Le Congrès général, — dit-on, — convoqué régulièrement, peut seul être compétent pour juger une affaire aussi grave que celle de la scission dans la Fédération romande. »

Considérant :

Que lorsque des démêlés s'élèveront entre les sociétés ou branches d'un groupe national, ou entre des groupes de différentes nationalités, le Conseil général aura le droit de décider sur le différend, sauf appel au Congrès prochain, qui décidera définitivement (voir n° VII des résolutions du Congrès de Bâle) ;

Que d'après la résolution VI du Congrès de Bâle, le Conseil général a également le droit de suspendre jusqu'au prochain Congrès une Section de l'Internationale ;

Que ces droits du Conseil général ont été reconnus, quoique seulement en théorie, par le Comité fédéral des branches dissidentes des Montagnes : parce que le citoyen R.[3], à différentes reprises, a sollicité le Conseil général, au nom de ce Comité, de prendre une résolution définitive sur cette question (voir les procès-verbaux du Conseil général) ;

Que les droits de la Conférence, s'ils ne sont pas égaux à ceux d'un Congrès général, sont, en tous cas, supérieurs à ceux du Conseil général ;

Qu'en effet, ce n'est pas le Comité fédéral de la Fédération romande[4], mais bien le Comité fédéral des branches dissidentes des Montagnes, qui, par l'intermédiaire du citoyen R., a demandé la convocation d'une Conférence pour juger définitivement ce différend (voir le procès-verbal du Conseil général du 25 juillet 1871[5]) ;

  1. La brochure Résolutions des délégués de la Conférence ne donne le texte de cette résolution XVII qu'en abrégé, et avertit que la résolution sera imprimée in-extenso dans l'Égalité de Genève. C'est le texte complet, tel qu'il se trouve dans l'Égalité du 26 octobre 1871, que je donne ici.
  2. Ainsi la Conférence osait prétendre que nos Sections « n'appartenaient pas à la Fédération romande » ; elle nous excluait, par ce seul trait de plume, d'une Fédération dont nous avions été les premiers fondateurs et dont nous avions tenu, jusqu'à ce moment, à conserver le nom.
  3. C'est Robin que la résolution désigne par cette initiale.
  4. C'est au Comité fédéral de Genève que la résolution donne ce titre.
  5. La mention de cette date du 25 juillet constitue une manœuvre jésuitique, dont on va voir la signification. C'est le 16 mars 1871 que Robin — à notre insu d'ailleurs et de sa propre initiative (voir p. 173) — avait proposé au Conseil général la réunion d'une Conférence destinée à remplacer le Congrès de 1870 (et non le Congrès de 1871), et qui pourrait s'occuper, non de juger, mais d'apaiser le différend de l'Internationale parisienne, ainsi que celui des deux fractions de la Fédération romande. Cette proposition fut rejetée. Le 23 juillet, Marx et Engels formulèrent, et firent adopter au Conseil général, la proposition de convoquer une Conférence qui remplacerait le Congrès de 1871 ; c'est ce même jour que Robin posa au Conseil la question relative à l'authenticité des lettres d'Eccarius et de Jung. En invoquant le témoignage du procès-verbal du 25 juillet, on cherche à créer une équivoque, à faire croire que la proposition de Robin était celle de Marx et d'Engels et s'appliquait à la Conférence convoquée pour le mois de septembre 1871 ; et on ajoute faussement qu'elle émanait de notre Comité fédéral.