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Les prières s’en vont au ciel comme des fleurs
on ne sait trop comment, les unes, luxueuses
et lourdes de parfums comme des tubéreuses ;
les autres pauvres, ternes et de peu d’odeur,
ainsi que les pensées d’un parterre indigent.
Le Poète les voit monter vers l’Indulgent,
vers le Père qui seul pèse l’or et l’argent.
Et c’est Lui qui évalue le prix de chaque fleur,
qu’il voit venir à Lui. Et, seul, Il peut juger
au dessus de nos sens, au dessus de nos haines,
si l’humilité bleue d’un bouquet de verveines
vaut autant, plus ou moins que l’œillet recherché.