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FEUILLES DANS LE VENT

Que doit être cette source ? L’eau donc vient de sa source ? Où est la source ? Et avec un intérêt croissant de jour en jour, à chaque fois que l’enfant regarde la rivière, il songe à la source. Enfin, tenant par la main sa nourrice, il l’amène dans la campagne et lui dit : il faut que tu me conduises à la source. Elle n’hésite pas, de ceux qui savent, parce qu’ils ont la foi. La source est par là, répond-elle. Ils s’avancent vers la lisière d’un petit bois endormi dans, le silence. Et, tout à coup, la source ! Quelle source ? Il n’importe. La source. Elle est là. L’enfant n’explique point s’il avait prévu la source ainsi ou autrement, mais il regarde se poser la canicule dans ce coin frais, sur cette glace liquide mais qui paraît immobile. Là est la source, le principe de la rivière majestueuse comme une fable. Et la nourrice : la source sort de terre.

À y regarder de plus près, l’eau frémit dans le bassin telle qu’une chair vivante. L’enfant attentif se rapproche. Il voit que le miroir déborde à mesure que l’argile pleure en haut et, agenouillé contre un bouquet de bruyères, il ne sait plus si c’est l’azur encore qui est en