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MÉDITATIONS

bas, entre les fougères, ou si c’est la source qui est au-dessus de sa tête. Il semble que ce trou traverse de part en part la terre éboulée. Et ce ciel renversé chante sous l’autre air aride, au contact des gouttes d’eau. Mais qu’y a-t-il donc dans la glaise pour que la source en découle ? Ô nourrice ! ne te trompes-tu point ? Est-ce que la terre n’est pas fermée au-dedans et, lorsque le paysan la laboure, ne voit-il pas qu’elle est bouchée ? Comment est-ce donc que l’eau passe au travers de la terre si la terre n’est pas creuse ? Et la nourrice : je pense que les gouttes d’eau sont comparables aux grains de blé qui font lever la moisson ; qu’elles font lever la rivière verte comme un champ ; qu’elles sont enfouies comme des semences. — Ô nourrice ! d’où proviennent les semences de la source ? — De la pluie. N’as-tu pas vu la pluie s’enfoncer dans le sol comme jetée avec les mains ? Elle ressort ici en source qui s’épand continuellement tel qu’un champ éternel qui ne cesserait de pousser en avant ses bandes d’épis.

Il interroge. Elle répond. Puis ils se taisent et leurs yeux d’innocents plongent mainte-