Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/465

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sait approbatrice. De l’Extrême-Orient, Ardel avait flairé en Pierre Denis un poète qui pourrait l’aider quelque jour dans sa haute mission, dans son idée fixe de prosélytisme chrétien. Il pressentait qu’il faudrait des auxiliaires à sa grande pensée parfois abrupte comme un calvaire. Il relevait la croix toute nue ; mais il faudrait des fleurs de nos climats tempérés et des processions et toute la vie des champs pour encore exalter le Bois-Sanglant… Il posait déjà le catholicisme comme un fait positif, comme une vérité mathématique aux yeux ahuris des hérétiques, des païens, des timides, des négateurs et des dilettantes. Il lui fallait un traducteur direct des choses visibles. — Vous êtes un compas, lui affirmait Pierre Denis en riant. Et Ardel répliquait : — Vousêtesunpays dontje prends mesure… Ardel reprit le chemin de la Chine, et quant à Pierre Denis il lui est arrivé ce qui est arrivé… cette aventure d’adultère avec tout le tremblement…

PREMIER JEUNE HOMME

La grâce n’a point touché ce poète ?