Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/471

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souffrirais plus ; que sa faute serait comme n’ayant jamais été… Sont-ce donc ceux qui nous entourent qui rendent si lourde notre croix ? mon Christ ! si vous n’aviez pas créé les hommes, si vous n’aviez pas vécu parmi eux, si vous ne leur aviez pas prêché l’amour, vous n’auriez pas été crucifié. Il faut que le monde soit.

… Elle va être là. Elle va revenir.

Et succédant à ma douleur, voici la joie de Dieu qui m’inonde, et il me semble que le ciel descend sur la terre parce que j’ai pardonné et parce que j’appelle le règne de l’amour dans mon cœur. Dieu ! Votre règne est dans mon cœur, dans le cœur de cet homme quelconque, dans ce cœur où vous êtes entré comme la ronce fleurie qui pénètre dans l’enclos.

N’ai-je pas été fait à votre ressemblance ? Les instruments du supplice n’apparaissent point toujours. Mais n’ai-je pas une couronne et un manteau et un sceptre dérisoires ? Voici l’Homme, a dit Pilate. Qui est là pour me bafouer ? Me voici. Je suis le frère de Dieu. La douleur m’a ouvert l’intelligence et je vois bien que la Passion est là encore et