Page:Jammes - Feuilles dans le vent, 1914.djvu/87

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as été mutilé. J’ai eu du chagrin à ton sujet comme si tu avais été l’un de mes enfants. J’ai passé des nuits en prières pour demander au Ciel de te laisser vivre. Et maintenant les médecins déclarent que tout danger est écarté. Et la compagnie d’assurances te paiera une pension qui, hélas ! ne te rendra point ton bras, mais qui pourra augmenter ce que je veux faire pour toi. J’estime, mon enfant, que tant que je serai là, à la tête de la scierie, je dois t’employer dans la mesure où tu peux être utilisé. Il y a des surveillances que je pourrai te confier, des pièces de bois à compter, d’autres contrôles. La somme que l’on t’accordera, comme accidenté, jointe au salaire que tu recevras, te permettra de vivre d’autant mieux que je veux te loger dans la petite dépendance de la villa, du côté du hangar à planches. Cela te conviendrait-il, mon ami ? La dépendance est assez grande pour que vous y soyez à l’aise ta mère et toi.

Et Pierre avait répondu :

— Merci, monsieur. Je n’aurais pas osé espérer tant d’aisance. On m’avait dit : un