Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

perchée sur le duvet de mousse des œufs bleus ?
Et d’être mort vivant serai-je moins heureux ?

LE POÈTE

Ô oiseau bien aimé, ne plus voir la nature
me serait trop cruel pour chanter comme toi.

L’OISEAU

Je ne comprends pas bien ce qu’on ne peut pas voir.
Je n’ai pas été mort. Alors, je ne sais pas.
Je ne sais pas non plus comment sont les montagnes
où je n’allai jamais, ni comment on y va.
Mais je sais qu’on est mort quand on ne bouge plus.
Ta main… Ouvre ta main ?… Je vais être bien sage.


Le poète regarde en pleurant l’oiseau mort dont les pattes ne sont plus roides.


Octobre 1899.