Page:Jammes - Le Deuil des primevères, 1920.djvu/206

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aux pieds de Jean, et Luc qui tenait dans ses doigts
un livre ouvert où devaient être de saintes règles.
Une main de l’ouvrier tremblait sur le ciseau ;
l’autre, levée, tenait, hésitante, un marteau.
Là-bas, le midi bleu dansait sur les ardoises.
D’un basilic flétri montait un pieux encens
vers les saints grossiers aux figures chinoises.
On eût dit qu’à travers la chaire villageoise
une sève rapide à jamais circulât
comme l’âme des nids dans les âmes des bois.

Mon Dieu, je n’ai point fait d’œuvre si belle et sainte.
Vous n’avez pas voulu, hélas, me faire naître
dans un pauvre logis, près de l’humble fenêtre
où danse une chandelle au soir des vitres vertes,
et où les rabots clairs chantent dès le matin.
Mon Dieu, j’aurais pour vous travaillé des images,
et les tendres enfants, au retour de l’école,
se seraient extasiés devant les rois mages
qui auraient apporté l’encens, l’ivoire et l’or.
J’aurais représenté, près de ces rois d’Orient,
une fumée en bois comme celle d’encens.