Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/114

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Le déjeuner est fort gai. Clara d’Ellébeuse écoute, ravie, ce que Roger raconte. Il parle lentement, d’une voix un peu sourde. Ce qu’il dit est original. Et puis, il sait tant de choses touchant Paris… Il est souvent reçu chez Lamartine où l’ont bien fait venir son talent précoce et sa distinction. De temps à autre, il regarde Clara en souriant, un peu comme une enfant, beaucoup comme une jeune fille. Et celle-ci oublie ses angoisses, les lettres de l’oncle Joachim, son évanouissement de la veille… Sans doute parce que j’ai bien prié, pense-t-elle.

— Monsieur Fauchereuse, dit M.  d’Astin, on citait, il y a quelques mois, dans un magazine parisien, quelques très belles stances de vous, prononcées à l’occasion d’un mariage. J’ai fortement regretté que l’on ne donnât point tout le poème.

— Si vous avez la bonté de l’apprécier, Monsieur, il me sera facile…

— … Mais je l’ai, moi, ce poème, dit en rougissant Clara d’Ellébeuse.

— Comment ! Tu l’as ! Petite cachée ! s’écrie M.  d’Astin.

— … Je l’ai recopié dans mon cahier de poésies. C’est Lia qui me l’avait prêté.

— Tu iras nous chercher ton cahier de poésies après déjeuner, mon enfant, dit Mme  d’Étanges. Je