Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/129

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ne faut pas que l’on voie que vous ayez pleuré. Je vous aime bien. Soyez gentille.

Clara d’Ellébeuse va tremper son petit mouchoir dans l’eau ensoleillée du seau, et s’en humecte les paupières. C’est fini.

Le maître-piqueur arrive avec les chiens. M. d’Ellébeuse et les deux paysans le suivent à peu de distance, portant deux lièvres tués sur le coteau de Castélis.

— C’est moi qui les ai tirés ! Vous n’avez pas suivi, Roger ? Ç’a été très amusant.

— … Ma foi, non ! J’étais un peu fatigué… Et j’avais une compagne charmante.

— Et toi, ma chérie ?…

— Moi, je suis contente, petit-père…

— Eh bien, alors : En avant ! Marche !

Et l’on redescend dans la plaine.

Des merles s’effarouchent dans les haies. L’un d’eux se pose à terre.

— Tire-le ?

Clara d’Ellébeuse épaule lentement et ne tire point. L’oiseau file. Elle éclate de rire :

— Il était si gentil, petit père…

Et, visant soudain la cruche d’un pailler, elle tire et la brise, puis rit de nouveau.

— J’ai encore un coup !… Monsieur Roger, sur quoi faut-il tirer ?