Page:Jammes - Le Roman du lièvre, 1922.djvu/179

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le beau chêne qui ombrage la tombe de ses ancêtres. Je suis semblable à Ulysse qui, de retour dans ses foyers, aime à se souvenir de la mer tempétueuse et des combats. Je suis comme un orme bientôt centenaire dont la joie est d’abriter dans ses derniers feuillages le nid charmant de vos jeunesses et de vos grâces.

À l’issue de tant de diverses circonstances qui poussèrent mes pas aventureux des plages de l’Empire Chinois aux rives de la brumeuse Albion, je demeure les yeux fixés au Ciel, confiant dans l’étoile divine qui sut mener à leurs destinées les Mages Chaldéens aussi bien que le Navigateur de Gênes.

Tant d’orageux Étés ont marqué mon visage d’ineffaçables rides ! Tant de frimas ont laissé sur mon front un peu de la neige éternelle qui m’avertit que je dois bientôt atteindre les premiers sommets d’un autre Empire-Céleste !

Ma bien chère enfant, vous voici à jamais auprès du gentilhomme que vous avez choisi. Sa distinction vous rendra fière et sa bonté heureuse. Et Dieu vous bénira dans votre descendance.

Hélas ! ô mes amis, que n’ai-je fait comme vous ? Le Créateur, sous les fruits d’or du Paradis terrestre, voulut à l’homme une compagne. Permettez à un vieillard qui va descendre dans la