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VI


Lorsque le jardinier du château apprend à Almaïde la mort de Petit-Guilhem, elle ne marque aucune émotion, tant le choc intérieur est terrible. Elle dit :

— Ah ! Quel malheur…

et gagne, pour s’y asseoir, le banc qui est près du cadran solaire. Elle n’y voit plus bien. Le saule pleureur se met à tourner. Il lui semble qu’elle compte des chiffres, qu’elle a un vilain rêve dont elle se veut éveiller, mais il continue…

Almaïde se trouve mal. Elle ne sent point le coup de tête qu’elle donne au dossier du banc. Elle fléchit et ne se ranime qu’au bout d’un long quart d’heure.


Elle supporte tout avec courage : la visite aux affligés, la vue de Petit-Guilhem mort. La mère est assise impassible auprès de la couche où l’enfant repose, les narines pincées, blanc de cette blancheur bleue qu’a seule, aux déclins des jours